Catégorie: "Sciences"

Mai 2016 : Saturne rejoint Mars dans l'opposition

Le 28 Mai 2016 par Jac Lou Réagir » Partage » Partagez cet article sur Facebook
Mai 2016 : Saturne rejoint Mars dans l'opposition

La Seine ne connaît plus la nuit et le ciel d'Île de France scintille bien peu. Cependant il arrive que quelques astres particulièrement lumineux crèvent l'écran de la pollution lumineuse de la capitale (*). C'est le cas de Mars (à droite) et Saturne qui sont à l'opposition en cette fin de mai 2016. En agrandissant la photo (cliquer dessus) on peut même voir quelques rares étoiles. L'image du logiciel Stellarium ci-dessous aide à se repérer : Mars, Acrab, Dschubba et Antares sont dans la constellation du Scorpion alors que Saturne et Sabik sont dans la constellation du Serpentaire (les lignes rouges sont les limites des constellations).

La planète Mars n'en finit pas de faire des révolutions, ses années durant ~687 jours, soit un peu moins que deux des nôtres. La Terre, étant plus près du Soleil et parcourant son orbite plus rapidement, en 365 jours, a le temps de faire un peu moins de deux tours de notre étoile pendant que Mars, plus éloignée, n'en fait qu'un. Cela a pour conséquence qu'il faut un peu plus de deux années avant que les deux planètes se rapprochent de nouveau et que la Terre s'intercale entre notre étoile et Mars comme c'est actuellement le cas en cette fin de mai 2016. Mars et la Terre sont séparées cette fois d'environ 75 millions de kilomètres, mais, à cause de l'excentricité de l'orbite de Mars, cette distance varie au fil des rapprochements et peut descendre jusqu'à 56 millions de kilomètres comme ce sera le cas en 2050 (je ne sais pas si j'aurais la patience d'attendre jusque là). Au moment d'un de ces rapprochements, la planète Mars est à l'opposé du Soleil par rapport à la Terre. On dit à "l'opposition". Vue de la Terre elle est entièrement éclairée et brille donc d'un éclat maximum dans le ciel. Entre ces rendez-vous bisannuels, le reste du temps, en plus d'être plus loin de la Terre, elle présente des phases similaires à une partie de celles de la Lune et son éclat est moindre.

Coucher de soleil sur Mars (*)

Depuis la surface de la planète Mars, au même moment, la situation est quelque peu différente. La Terre qui se trouve juste dans la direction du Soleil tourne vers Mars sa face non éclairée et est donc invisible. Un robot martien, comme Opportunity ou Curiosity les deux robots de la NASA actuellement en activité, ne verrait donc rien de spécial, sauf si les orbites de Mars et de la Terre étaient à ce moment précis dans le même plan, auquel cas notre avatar martien observerait un transit de la Terre devant le Soleil, c'est à dire un petit point noir traversant le disque solaire accompagné d'un autre point noir plus petit, la Lune. Le dernier évènement de ce genre s'est produit le 11 mai 1984. Il n'y avait encore à l'époque aucun robot sur la planète rouge. Malheureusement pour moi, un tel évènement ne se reproduira pas avant le 10 novembre 2084. Je suis certain qu'il y aura des caméras sur Mars cette année là et que tous les terriens pourront y assister, mais je n'y serai plus... Supplique à mes arrière petits enfants et neveux : soyez présents et attentifs à cet évènement, et pensez à moi ;)

Saturne, qui, comme dit Georges Brassens, préside aux choses du temps, arrive aussi à l'opposition le 3 juin 2016. Contrairement à ce qui se passe pour la planète Mars, cette situation favorable à l'observation de Saturne se reproduit chaque année. En effet, la planète aux anneaux parcourt une orbite située bien loin de celle de la Terre, à environ un milliard et 350 millions de kilomètres quand j'écris ces lignes. Comme il lui faut environ vingt-neuf ans et demi pour faire un tour du Soleil, la planète se déplace assez lentement dans le ciel nocturne par rapport aux étoiles. Saturne prend donc son temps et il ne faut qu'une année et 3 jours pour que la Terre la rattrape et qu'elle se retrouve de nouveau à l'opposition. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette (*).

Jupiter, de son côté, qui est passé à l'opposition au mois de mars, continue à dominer le ciel, mais, se trouvant déjà plus à l'ouest à cette heure de la nuit, n'est pas visible sur la photo de groupe d'entête. Ci-dessous on peut revoir un rappel d'une photo prise le 25 mai 2016 et déjà publiée dans une série montrant différentes positions des satellites galiléens (clic). On peut voir, à gauche de la planète, son plus gros satellite Ganymède, puis Io, difficilement visible juste au bord gauche du disque planétaire, puis, du côté droit Europe et la discrète Callisto. Avec un peu d'auto-persuasion on peut voir que le disque de la planète est partiellement non éclairé (gibbeux). En effet si on prend une analogie de cadran d'horloge comme le font les pilote d'avions, au moment de la photo à la fin du mois de mai 2016, le Soleil se trouvant au centre du cadran, Jupiter se trouve quasiment à 9h alors que la Terre est à 6h. Dans cette situation une toute petite partie du disque de Jupiter est dans l'ombre vu de la Terre.

Eh ! Ne critiquez la "mauvaise" qualité de cette photo SVP ! Elle n'est pas prise avec un télescope, mais avec un simple appareil compact (voir ci-dessous). Moi, je considère que dans ces conditions, elle est excellente...

Technique. Photo d'entête : prise de vue le 28 mai 2016 vers 1h33 avec un APN Sony DSC-HX90V (F/3.5, 1s, ISO-400, focale équiv. 35mm : 24mm). Photo de Saturne : prise de vue le 26 mai 2016 vers 1h avec un APN Panasonic Lumix DMC-TZ60 (mode manuel, F/8, 0.25 s, ISO 400, focale équiv. 35mm : 720mm). Photo de Jupiter : prise de vue le 25 mai 2016 vers 23h30 avec un APN Sony DSC-HX90V (mode manuel, F/8, ISO 3200, 1/100s, focale équiv. 35mm : 720 mm, zoom numérique : x2, )