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11/04/2012

Passage de Vénus - Résultats des expéditions françaises (2)

  21:12:00, par Jac Lou   , 3662 mots  
Catégories: Astronomie

L'île Saint-Paul est dans une situation aussi déplorable que l'île Campbell. Elle s'élève isolée, déserte, sauvage, au milieu d'une mer perpétuellement agitée, tourmentée par des raz-de-marée qui ne permettent d'aborder qu'à de rares intervalles, non pas seulement à un navire, mais même à de simples chaloupes ne tirant pas plus de 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres d'eau. On se trouve alors dans le fond d'un ancien cratère on l'on jouit d'un calme relatif, mais on n'a fait que changer de difficulté.

Les bords de ce cratère constituent en effet des falaises, presque à pic, de 280 mètres de hauteur et le long desquelles un homme ne peut s'élever qu'en rampant et avec la plus grande peine.

Après de très-grandes difficultés, la mission de Saint-Paul est cependant parvenue à débarquer sur son île, avec la partie la plus importante de son matériel, dans un premier mouillage le 25 septembre. Mais le temps était si gros, que la Dives avait perdu successivement trois ancres en trois jours. Les chaînes ayant rompu sous l'effort des rafales, la troisième a cédé au moment où éclatait une très-forte tempête qui a duré quarante-huit heures et a chassé les employés de la mission à 50 lieues sons le vent de l'île; on n'avait pu débarquer encore qu'une très-minime partie du matériel, à cause de l'état de la mer sur la barre qui déferlait fréquemment. M. Cazin n'ayant pu rentrer à bord, et la chaîne ayant rompu pendant la nuit, il est resté quatre jours seul dans l'ilot (avec des vivres heureusement en quantité suffisante).

Le 30 septembre M. Mouchez put regagner le mouillage. Cette fois tous les voyageurs purent rester à terre sans aucun inconvénient; l'eau et les vivres étaient assurés pour tout le personnel. Mais pendant la nuit une nouvelle tempête obligea la Dives à partir avec le bois des cabanes, qui n'avait pu être débarqué; c'était le seul objet du matériel qui restât à bord. — On put la ramener le surlendemain.

« J'espère, ajoutait M. Mouchez dans sa lettre à l'Institut, que le temps s'améliorera le mois prochain, car actuellement il est détestable, et, dans ce cratère, les tourbillons de vent sont d'une telle violence qu'il est bien souvent fort difficile de se tenir debout. Dans l'impossibilité absolue de m'établir sur les hauteurs, je construis l'Observatoire sur la pointe nord de l'entrée, qui est assez favorable; le seul inconvénient à craindre c'est que quelque raz-de-marée ne nous mouille le pied de nos cabanes; nous sommes cependant à 5 ou 6 métres au-dessus de la pleine mer. Le ciel est d'une extrême variabilité ; le soleil paraît et disparaît continuellement ; sous ce rapport, les conditions paraissent moins mauvaises qu'on ne le disait. »

Pendant les trois mois que l'expédition française est restée à l'île Saint-Paul, il n'y a pas eu un seul jour de temps entièrement découvert, les plus longues séries de ciel libre, sans nuages, n'ont jamais duré plus de trois à quatre heures et ont été fort rares. Elles avaient lieu généralement dans l'après-midi, depuis deux heures jusqu'au moment où le soleil cessait d'éclairer le fond du cratère.

Telles étaient les déplorables conditions atmosphériques qui étaient faites à cette station. Un seul espoir soutenait nos braves marins: c'était l'opinion des pêcheurs malgaches, qui soutenaient qu'il y avait toujours une embellie le jour de la nouvelle lune, opinion qui coïncidait avec les rapports expédiés précédemment sur le climat de cette île. Les deux nouvelles lunes précédentes, d'octobre et de novembre, avaient confirmé cette règle d'une manière très-remarqnable.

Le temps ne paraissait pas devoir s'éclaircir. Le 6 le ciel était sombre dans toute l'étendue de l'horizon, et le baromètre commençait à descendre. Le 7, le temps empirait, le vent soufflait très-frais du nord-ouest, puis sautait au nord-est, amenant de la pluie et une épaisse brume.

Le 8, veille du passage, la baisse du baromètre continue ; la pluie est torrentielle et incessante ; la mer fort grosse ; une goélette nouvellement arrivée sur rade casse ses ancres et est emportée par le mauvais temps; une brume épaisse enveloppe toute l'île, cachant même les bords du cratère. On ne peut trouver un seul moment même pour faire une répétition générale de l'observation, avec tout le personnel à son poste, la pluie est trop forte et trop continuelle. Cependant, bien que tout paraisse absolument et irrévocablement perdu, on n'en continue pas moins tous les préparatifs et on termine à minuit la préparation des plaques, qui doivent être photographiées. À cette heure tardive la pluie est toujours aussi forte, le ciel aussi sombre, et les cabanes résistent à peine à la violence de la tempête.

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