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La carte postale du cousin Louis
Un Louis dort dans mon héritage. Une poignée de photographies de la génération antérieure à celle de mes parents figurait dans mon héritage. Parmi celles-ci, j'ai trouvé une carte-postale photographique provenant des "archives" - c'est un bien grand mot pour aussi peu de choses - de mes grand-parents paternels. Elle est signée d'un certain Louis dont je n'avais jamais entendu parler avant de mener mon enquête sur lui. La carte postale était adressée à "Pierrot", indubitablement mon grand-père, dont Louis était un cousin. Ce qui suit est le résultat d'une enquête de plusieurs années (*), en comptant les erreurs et les retours en arrière, sur l'identité et la vie de l'auteur de la carte-postale.
Qui donc prend la plume pour écrire à Pierrot ? Dans un premier temps, j'ai faussement attribué la carte à Louis Louvel, un cousin germain du côté paternel de grand-père Pierrot Louvel. C'était une possibilité "évidente". Mais la consultation des registres militaires, mis récemment en ligne par les Archives départementales, ainsi que l'examen approfondi des informations fournies par la carte postale, m'ont fait voir que je faisais fausse route et que Louis Louvel ne pouvait pas être à l'armée en octobre 1913, date où la photo a été prise, comme je le montre plus loin. En effet, ses états militaires situent sa dernière période d'exercices en octobre 1912. Nous reparlerons de lui dans un autre article. C'est cette incohérence dans les dates qui m'a fait chercher un autre Louis comme auteur de la carte. Je l'ai donc trouvé en la personne de Louis Bouraine, de la classe 1912, incorporé le 10 octobre 1913 au 39ème Régiment d'Infanterie en garnison à Rouen. C'est bien à ce moment et à cet endroit que la photo a été faite.
C'est bien Louis. Mes recherches dans la généalogie familiale m'ont confirmé que l'auteur de la carte pouvait bien être Louis Bouraine, un cousin germain du côté maternel de mon grand-père Pierre Louvel. Louis est le deuxième enfant de (Emile Charles) Louis Bouraine qui est le frère de Julie Augustine Charlotte Bouraine, mère de grand-père Pierre (voir l'Ascendance Louvel). Les prénoms entre parenthèse sont ceux inscrits à l'état civil, mais, comme souvent, c'était le dernier prénom qui était utilisé couramment (c'était même parfois plus compliqué, comme on le verra).
Un des soldats se prénomme Louis. Dans cette photo, j'ai longtemps pensé que Louis pouvait être celui qui est assis à droite. Cette conjecture reposait sur un possible "air de famille" et sur sur la description faite lors du Conseil de révision (notamment sa petite taille, voir page suivante). Malheureusement j'ai plus tard appris que le "344" écrit à la craie sur sa vareuse était le nombre de jours avant "la quille". Cela rend impossible que ce soit notre Louis Bouraine qui, en octobre ou novembre 1913, est encore "un bleu" qui vient tout juste d'entamer son service pour 2 années. À la date de la photo (voir plus bas) il reste encore à Louis un peu plus de 700 jours sous les drapeaux... Je dois donc avouer que je ne sais pas lequel de ces neuf soldats est "notre" Louis. D'après sa description physique, un châtain-roux aux yeux bleus et au menton rond, il pourrait aussi s'agir de celui qui est assis au sol (?).
Soldats du 39ème Régiment d'Infanterie. Ce qui est sûr, c'est que les hommes appartiennent au 39e R.I. comme l'indiquent les numéros sur leurs képis et sur leurs cols. Cette appartenance est confirmée par la mention figurant au verso de la carte : "Photo-Populaire, G. LONGUET, 60 rue du Mail, ROUEN - Photographe autorisé des 39e et 74e Rég. d'Inf". La photo n'a pas été l'objet de retouches d'anonymisation, comme c'est le cas de celle, similaire, de Pierre Louvel faisant également partie des archives de mon grand-père. C'est sans doute lié au fait qu'elle n'a pas été prise alors que la guerre était déclarée ni même imminente. Il est possible d'autre part que cette photo soit celle du groupe des conscrits de l'école des caporaux de 1913.
Y figurent Chandellier Eugène dit Albert, Jeanne (future femme de Pierrot)
et Marcel. La rue d'Argenteuil est devenue Jean-Jaurès après la guerre.
Qui est Albert ? Dans le coin, en haut à droite du côté texte, Louis a ajouté "Bonjour à Albert". Il est difficile d'être certain de l'identité de cet Albert avec les informations dont je dispose. Dans l'environnement familial, à Bezons en 1914, il y a bien Marcel Albert Chandellier, beau-frère de grand-père Pierre Louvel, le frère de sa femme Jeanne. Il est né le 12 juin 1897 et il a donc un peu plus de seize ans quand Louis écrit (voir la branche de Jeanne Chandellier dans l'ascendance Louvel). Louis pourrait s'inquiéter de sa santé qui est fragile. Cependant, le plus probable est qu'il s'agit d'Eugène Émile Chandellier, autre frère de Jeanne, né le 30 octobre 1889, dont le prénom usuel était Albert. Comme Louis et Pierrot il avait l'âge d'être mobilisé en 1914. J'ignore pourquoi on l'appelait d'un prénom ne figurant pas à sont état-civil, mais j'ai appris que c'était avéré dans la famille : "l'oncle Albert qui est mort à la guerre". Nous reparlerons de lui.
Envoyée deux fois. Cette carte postale recèle un petit mystère. En effet, si on examine avec attention son affranchissement on découvre que le tampon est du 19-10 / 13 (dix-neuf octobre 1913) en Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime, le mot "inférieure" n'étant pas politiquement correct). De toute évidence, ce tampon est antérieur au texte écrit par Louis. La carte aurait pu être réutilisée après qu'une adresse écrite au crayon à papier ait été effacée (je crois en deviner quelques traces sur l'original). Puisque la carte ne comporte pas d'adresse, il est probable qu'elle a été envoyée à Jules sous enveloppe ou bien remise en main propre par un tiers. Je ne peux savoir ni à quelle adresse, ni à quelle date postérieure au 19 octobre 1913 elle a été délivrée. Elle pourrait avoir été envoyée à Bezons où Jules et Jeanne résidaient ensemble, voisinant avec Albert Chandelier, et Louis Bouraine jusqu'en octobre 1913.
Voici la localisation des familles Chandellier et Louvel à Bezons au recensement de 1911 (voir la famille Bouraine en page suivante) :
Eugène Emile Chandellier est absent car sous les drapeaux.
La rue d'Argenteuil est aujourd'hui la rue Jean-Jaurès.
Cela ne va pas mal. L'inquiétude ou l'inconfort manifesté dans l'expression "cela pourrait aller mieux", rendait plausible une rédaction en juin ou juillet 1914, date à laquelle l'éventualité de la guerre se faisait plus précise. Cependant, le fait que, en août et septembre 1914, Pierrot Louvel n'est pas chez lui, puisqu'il est lui aussi mobilisé et probablement en garnison au dépôt de Vierzon - information fournie par une autre photo - invalide cette hypothèse. En conséquence, quand Louis envoie sa carte, il ne peut pas dire "Bonjour à Albert" et embrasser "cousine Jeanne ainsi que tout petit pierrot". Il semble donc que Louis fait simplement allusion à la vie de garnison que Pierrot a connue avant lui et qu'il apprécie peu... Cela favorise donc finalement l'hypothèse de l'envoi de la carte depuis la garnison de Rouen, à la fin de 1913 ou, au plus tard, au cours du premier semestre de 1914.
Le choix dans la date. J'ai tenté une estimation de la date à laquelle la carte a été écrite en spéculant sur la signification de ces 705 jours après lesquels "on en reparlera". Cette indication correspond à un peu moins de 2 ans. Nous pouvons alors faire l'hypothèse que Louis parle de la fin de son service militaire. Dans ce cas, si le nombre de jours calculé par Louis est juste en se fondant sur une durée de son service de 2 ans (730 jours), on peut fixer la date de l'écriture de la carte à 25 jours après son incorporation, soit le dimanche 2 novembre 1913. Notons que la classe 1912, après avoir été menacée d'un service prolongé lors de la préparation de la loi dite "des 3 ans", votée le 8 août 1913, y avait finalement échappé et devait être libérée de ses obligations militaires à la fin septembre 1915. La réalité en voudra autrement - doublement en ce qui concerne Louis...
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Une courte histoire de Louis Bouraine
Un gars d' Bezons (*) Louis Auguste Bouraine est né le 18 mai 1892, à Bezons, alors en Seine-et-Oise (aujourd'hui en Val d'Oise), au domicile de ses parents. Ces derniers, (Emile Charles) Louis Bouraine, journalier, âgé de vingt-six ans, et (Anne) Rose Philippeaux, sans profession, âgée également de vingt-six ans, se sont mariés à Colombes, dans le département de la Seine, le 20 juin de l'année précédente. Louis Bouraine père est originaire de Colombes. Rose, la mère, est originaire de Bourges dans le Cher. Elle est venue à Colombes pour y trouver un emploi de domestique. La naissance de Louis est déclarée le 19 mai par son père qui se présente devant le Maire de Bezons, Auguste Forest, en compagnie de son propre père Jules Bouraine, journalier, âgé de cinquante-deux ans, demeurant au Petit-Colombes et de Pierre Expert, présenté comme grand-oncle de l'enfant, rentier, âgé de soixante et onze ans, propriétaire rue Villeneuve à Bezons.
La famille de Louis Bouraine recensée à Bezons en 1896 et 1911
La jeunesse de Louis. Nous ne savons rien des jeunes années de Louis, sauf qu'il doit bien apprendre à partager avec son frère cadet, André Léon, né en 1894. En 1897, une petite sœur, Madeleine Victoire Marguerite, nait également. À partir de 1898 et jusqu'à 1905 Louis fréquente obligatoirement l'école du Centre à Bezons. En effet, depuis 1882, l'Instruction est obligatoire entre 6 et 13 ans. Louis a sans doute quitté l'école sans avoir obtenu le certificat d'études primaires ainsi qu'il ressort du niveau d'instruction 2 noté lors du Conseil de révision, comme nous le verrons plus loin. À sa sortie de l'école, il entre sans doute en apprentissage de menuisier pendant quelques années. Bezons, la petite ville où il vit, est en pleine croissance. Selon les recensements, la population passe de moins de 2500 personnes l'année de la naissance de Louis à environ 3500 quand il quitte l'école et à un peu moins de 5000 quand il atteint ses 20 ans. Les mêmes recensements nous apprennent que la famille de Louis habite route de Houilles (aujourd'hui rue Emile-Zola) en 1896, puis rue Villa Gauthier en 1911. Louis a alors 19 ans et il exerce le métier de menuisier chez un patron nommé Pitrou (il est probable qu'il s'agisse de Louis Joseph Pitrou, menuisier habitant rue de Paris à Bezons, mort pour la France en février 1915 à Massiges dans le Marne). En 1912, le recensement militaire enregistre Louis comme étant domicilié 18 rue Villa Gauthier où il vit toujours avec sa mère, son père étant décédé il y a peu de temps.
Le conseil de révision. Né en 1892, Louis était donc de la classe 1912. Lorsqu'il atteint ses 20 ans, Louis est un homme de relativement petite taille puisque la toise du Conseil de révision indique 1,57m. Les documents militaires le décrivent comme ayant les yeux bleus, les cheveux châtain-roux. Son visage est ovale avec un front vertical, un nez rectiligne, une bouche moyenne aux lèvres minces et un menton rond. Comme 2 conscrits sur 3 dans les premières années du 20e siècle, il sait lire et écrire ainsi que nous pouvons le déduire du niveau d'instruction 2 noté sur sa fiche (l'obtention du certificat d'études primaires serait indiquée par un niveau 3).
fin du XIXe siècle, Musée des Beaux-Arts de Pau (sources : JOCONDE)
Bon pour le service. Dans la liste des conscrits, établie au début de 1913, dans le canton d'Argenteuil, il est inscrit avec le numéro 41 et classé dans "la première partie de la liste" (apte au service armé). Lors du Conseil de révision, la classe 1912 étant encore sous le régime de la loi de recrutement de 1905, il est déclaré "Bon" pour un service militaire de 2 ans ! Hélas, les menaces de guerre conduisent le gouvernement à augmenter le nombre de soldats en proposant une loi qui porte la durée du service à 3 ans avec effet rétroactif. Lors de la préparation de cette loi, les soldats sous les drapeaux feront connaître leur mécontentement à l'idée que leur service soit prolongé. Des manifestations auront lieu dans les casernes. La loi sera finalement votée et promulguée en août 1913, mais un amendement en exclura les classes 1910, 11 et 12.
Dans 705 jours on en reparlera. À la fin de l'année 1913, le 10 octobre, Louis est donc incorporé pour 2 ans. Il est soldat de 2ème classe, matricule 4791, dans la 10ème Compagnie du 39ème Régiment d'Infanterie (39ème R.I.) en garnison à la caserne Hatry à Rouen. Sa période d'active se terminera donc en principe à la fin de septembre 1915, après les manœuvres annuelles. Comme il le révèle dans la carte qu'il envoie à son cousin Pierrot, Louis commence à compter les jours : il lui en reste 705. C'est une préoccupation essentielle des bidasses qui n'aspirent qu'à une chose, retourner à la vie civile...
Cabot en six mois. Louis est sans doute une bonne recrue. Il est choisi, probablement en tenant compte de ses qualités personnelles et de ses compétences professionnelles de menuisier, pour suivre le peloton des élèves caporaux. Six mois plus tard, le 28 mai 1914, il réussit l'examen et est promu Caporal. Il est certainement fier de ses "sardines", les 2 galons rouges au bas de ses manches. Comme Caporal il commande une escouade d'une quinzaine d'hommes de troupe (en pratique de 8 à 15). Il est possible - sans certitude - que la photo à partir de laquelle j'ai débuté mes recherches sur Louis Bouraine (en tête de cet article) soit celle des élèves caporaux de 1913-1914.
Le cabot devient Serpatte. Le dimanche 2 août 1914, jour de la mobilisation générale, Louis est promu Sergent. Il aura droit à un képi à fausse jugulaire dorée, un numéro "39" bleu sur une patte garance sur son col de veste, et à une sardine également dorée au bas de ses manches. Mais le plus intéressant pour le sergent dans l'Infanterie, c'est de pouvoir porter des brodequins de cordonnier de qualité meilleure que celle des godillots des simples fantassins. Toutefois, Louis n'aura probablement pas le temps de s'en procurer car il n'est qu'à trois jours de partir en campagne et d'exercer ses nouvelles fonctions de sous-officier. Le sergent Louis Bouraine aura sous ses ordres une demi-section, ce qui correspond à 2 caporaux encadrant chacun une escouade, soit une trentaine d'hommes.
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Louis part à la guerre ...
Dans la journée du mercredi 5 août 1914, les soldats du 39ème R.I. quittent la caserne Hatry pour retrouver les soldats des autres casernes de Rouen, notamment ceux du 74ème RI, devant le Palais de Justice, place Verdrel (aujourd'hui place Foch) à Rouen. Le sergent Louis Bouraine se trouve dans la foule des soldats.
Le sergent Louis Bouraine est l'un d'entre eux.
Toute la journée, malgré la petite pluie fine, très normande, qui fait luire les pavés, les habitants de Rouen sont dans les rues pour regarder les 39ème et 74ème Régiments d'Infanterie se rendre à la gare de Rouen Rive-Gauche (gare Saint-Sever) précédés par leurs musiques et leurs cliques qui interprètent "Sambre et Meuse". Ces deux régiments forment la 9ème Brigade (commandant Tassin) au sein de la 5ème Division (général Verrier) du 3ème Corps d'Armée (général Sauret) de la 5ème armée (général Lanrezac) créée le jour de la Mobilisation générale, il y a tout juste 3 jours.
Le défilé des militaires n'est pas que musical, rythmé par les brodequins à semelles cloutées, il est également coloré. Les vareuses ou les capotes sont gris-bleu et les pantalons sont rouge-garance. Comme partout ailleurs dans les villes de garnison, l'atmosphère n'est pas au pessimisme. On part avec la perspective d'une guerre de courte durée. Les journaux écrivent que les soldats partent "la fleur au fusil". Mais peut-être est-ce seulement de la propagande ?
L'embarquement a lieu voie 17, la même voie où ont lieu les manœuvres annuelles d'embarquement. Le voyage en train est long, très long. Louis n'avait jamais autant voyagé. La destination est inconnue. À travers les fenêtres du train il voit défiler les villes de Pont-de-l'Arche, Magny, Vernon. Le train s'arrête à Mantes-la-Jolie pour une halte repas. Les soldats s'interrogent sur la suite du voyage, mais personne ne sait où va le convoi. À la gare de triage d'Achères, Louis, qui a déjà fait ce trajet vers Rouen, comprend que le train ne continue pas vers Paris. En effet, la prochaine gare importante est Compiègne et une nouvelle halte repas a lieu à Soissons.
Ceux qui ont retenu quelque chose des leçons d'Histoire et de Géographie de l'école primaire font circuler l'information : ils sont dans l'Aisne, dans le Nord du pays. C'est confirmé par la gare suivante, Laon, la préfecture de l'Aisne. Dans la suite du voyage les soldats qui ne dorment pas ne voient plus que des gares de petites villes, comme Bazancourt, que plus personne ne connaît. Après des manœuvres en pleine campagne qui ressemblent à un retour en arrière, le convoi conduit finalement les soldats jusqu'au village de Novion-Porcien où ils arrivent le 6 août. Terminus, tout le monde descend ! La suite se fera à pieds, avec les 30kg de barda sur le dos, Infanterie oblige. Louis apprendra un peu plus tard qu'ils sont dans les Ardennes, pas très loin de la Belgique.
Jeudi 6 août. Le régiment établit ses cantonnements. Les 250 hommes de la 10ème Compagnie du 3ème Bataillon, à laquelle appartient Louis, sont cantonnés avec ceux de la 9ème à Fainault. Louis découvre la petite troupe qu'il aura sous ses ordres : une trentaine d'hommes encadrés par deux caporaux. Dès 15h il faut changer de cantonnement et retourner à Novion-Porcien. Les choses ne semblent pas aussi bien préparées qu'il faudrait. Le temps est gris et pluvieux jusqu'au 9 août.
Lundi 10 août. Suivant l'ordre général n°7, Louis et sa Compagnie se déplacent à nouveau vers Barbaise. Les routes sont fermées et les zones de cantonnement sont cerclées. Les compagnies changent de cantonnement ou manœuvrent autour. Cela fait de l'occupation... Louis s'interroge : si c'est cela la guerre, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. En plus, le temps s'est mis au beau. Le moral est bon.
Jeudi 13 août. Le cantonnement est établi un peu plus au Nord, à Saint-Marcel, à l'Ouest de Charleville-Mézières. La marche pour y arriver est particulièrement pénible tant il fait chaud - au moins 30 degrés. On y stationne jusqu'au 15 août.
Dimanche 16 août. Un ordre de marche arrive : départ immédiat. Le 3ème Bataillon, celui de Louis, part en tête. Louis guide sa demi-division. Ils ont le soleil dans le dos. Le rouge des képis est dissimulé par un couvre-képi bleu. C'est moins voyant. On chante pour se donner de l'entrain. "Là-haut dessus la côte ça va descendre enfin, Appuie donc sur tes bottes et pass' moi un coup d' vin - Les godillots sont lourds dans l' sac, Les godillots sont lourds...". Dans l'après-midi, après une halte à Blombay, on oblique vers le Nord pour établir le cantonnement du soir à Éteignères, à deux pas de la frontière belge. Plein les godillots et plein le dos ! La chaleur était éprouvante.
Lundi 17 août. Marche en avant. Le 39ème R.I. est toujours en tête de la Division et marche de nouveau vers l'Ouest puis le Nord. La frontière belge est franchie dans l'après-midi aux environs de Cendron. Le cantonnement est établi plus au Nord, à Salles, à quelques kilomètres à l'Ouest de Chimay. Les belges se montrent très accueillants.
Mardi 18 août. La marche débute à la fraîche, aux aurores. Cette fois le 3ème Bataillon ferme la marche de la Division. Un cantonnement est établi dès midi à Renlies.
Mercredi 19 août. Le régiment forme une nouvelle fois l'avant-garde de la Division. La disposition des cantonnements autour de Gerpinnes, à quelques kilomètres au Sud-Est de Charleroi, laisse penser qu'on s'apprête à l'affrontement.
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Le temps des batailles ...
Bleu : transport en train; Vert : marche vers Charleroi en Belgique;
Rouge : repli vers la Marne; Mauve : contre-attaque jusqu'à Thillois.
Voir des cartes plus détaillées en page 6.
La bataille de Charleroi.
Jeudi 20 août. Le 39ème RI marche en avant dès 6H du matin, couvert par deux pelotons de cavalerie. Vers 10h, la 10ème Compagnie s'arrête à Bouffioulx avec l'État-Major. L'après-midi, on s'installe. il y a de l'agitation du côté de l'État-Major... Ça sent le roussi. Les officiers rappellent l'ordre strict d'utiliser les couvre-képi et les couvre-pantalon ou, à défaut, de dissimuler le pantalon rouge en déboutonnant le bas de la capote - ce qui ne sera pas très pratique pour marcher. Louis passe une mauvaise nuit bien qu'il n'y ait rien à craindre dans l'immédiat. On ne fait pas la guerre de nuit !
Vendredi 21 août. Dans la matinée une rumeur circule : à Pont-de-Loup, une patrouille de la cavalerie allemande - les hussards de la mort - aurait été accueillie par nos fusils. À Bouffioulx on se met en état de défense, c'est à dire qu'on creuse des tranchées avec l'aide des civils réquisitionnés. Dans l'après-midi, on entend les mitrailleuses au loin. La rumeur fait état d'une attaque de chasseurs de la Garde allemands repoussée à Pont-de-loup. La 10éme Compagnie est envoyée défendre le plateau cote 170 aux abords de Châtelet. On profite de la nuit pour réorganiser les positions défensives. Avec le 2ème Bataillon et sous les ordres du Colonel Chrétien on doit tenir un front de 4,5km. Finies les nuits tranquilles.
Samedi 22 août. Dès 4H du matin, une pluie d'obus allemands arrose nos positions. Après cette préparation, les troupes allemandes traversent les ponts sur la Sambre et font reculer les français. La bataille fait rage toute la journée. Les fantassins et leurs baïonnettes succèdent à l'artillerie. Le régiment perd 40 hommes de troupe et un officier. L'ordre de repli sur Thy-le-Bauduin est donné au 3ème Bataillon, celui de Louis.
Dimanche 23 août. La nuit est très noire, sans lune. Une étoile brille plus fort au Sud. Certains disent que c'est l'étoile du berger. Un sous-officier, un instituteur, dit que non, que l'étoile du berger qui suivait de très près le Soleil est déjà couchée et qu'il s'agit d'une planète qui s'appelle Jupiter, le dieu du ciel. Il ajoute que ceux qui ne dormiront pas pourront voir se lever à l'Est, juste avant le Soleil, une étoile nommée Procyon qui précède la constellation du Grand Chien et annonce l'entrée dans la période de la Canicule.
Au matin, obéissant aux ordres, le 39ème R.I. va reprendre son repli vers le Sud, mais contre-ordre, il faut tenir ! La journée se passe sous un feu épouvantable de l'artillerie allemande. Le Régiment soutient seul la lutte contre l'avancée ennemie. À 18h30, enfin, l'ordre de rompre arrive. La 10ème Compagnie, celle de Louis, est chargée de protéger le mouvement de retraite du 3ème Bataillon par la vallée du Thyria puis à travers le bois de Maudrivaux. Pendant les jours qui suivent, la retraite se poursuit sur des routes encombrées par tous les régiments. Marches forcées et bivouacs se succèdent de jour comme de nuit.
Samedi 29 août.. L'artillerie allemande rattrape les français près de Landifay à 10km au Sud de Guise. La 10ème Compagnie reçoit l'ordre de se porter en défense à l'Ouest de la ferme de Bertaignemont. Le sergent Louis Bouraine conduit ses hommes sous un intense bombardement. Ils ne sont relevés qu'après midi. En fin de journée, le Régiment entre à Bertaignemont qui finit de brûler, "colonel en tête, drapeau déployé et la musique jouant la Marseillaise". Louis et ses hommes bivouaquent un peu plus loin au Sud, près de Landifay.
Les jours suivants, la retraite continue avec les allemands qui suivent le mouvement de loin. On traverse ainsi Assis-sur-Serre le 30, Laon le 31, Courlandon le 1er septembre, Brouillet le 2. La Marne est franchie près de Chatillon puis on bivouaque à Nesles-le-Repons, à l'Ouest d'Épernay, le 3 septembre. Comme tous ses camarades, Louis est exténué par de longues journées et des nuits de marche, avec de très courts repos et quasiment sans manger parce que l'intendance ne suit pas... "Que sont les pieds pour le fantassin ? Les pieds sont l'objet de soins quotidiens". Le 5 septembre, ils peuvent enfin cantonner près de Sézanne.
La première bataille de la Marne. Mais le repos sera bref. C'est là que leur est communiqué l'ordre de Joffre "garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer". Le 39ème R.I. fait demi tour et repart vers le Nord. Marche en avant ! Le 6 septembre, on se bat violemment à Escardes. Les allemands, surpris par ce revirement, reculent à leur tour. Marche en avant. On passe Moraines. Le 9 septembre, nouvel affrontement violent à Montmirail où les allemands cèdent à nouveau. Marche en avant. On passe Condé-en-Brie, pour cantonner à Lhéry le 11 septembre. On s'installe sous la pluie et dans un vent frais.
La progression se poursuit le 12 septembre. Le temps est toujours à la pluie. La température a bien baissé et le vent souffle faisant voler obliquement les gouttes (*). Gueux, à l'Ouest de Reims, tombe sans trop de difficulté, les allemands ont abandonné leurs tranchées. Mais au village voisin, à Thillois, les allemands se sont installés dans d'autres tranchées et résistent à l'avancée des français. Ils les arrosent avec leurs mitrailleuses. Les combats sont terrifiants. Le 39ème R.I. est exposé au feu sur un champ de bataille plat sans aucun autre abri que les gerbes battues par le vent et la pluie. Malgré cela, les allemands sont finalement repoussés.
Tué sur place. C'est ici que s'achève brutalement l'histoire de Louis Auguste Bouraine. Il n'a pas reculé. Il s'est fait tuer sur place, obéissant ainsi aux ordres de Joffre... Voici ce que porte sa fiche dans les archives de l'armée : "Sergent au 39e R.I., classe 1912. Décédé le 12 septembre 1914 à Thillois dans la Marne. Genre de mort : tué à l'ennemi. Né le 18 mai 1892 à Bezons (Seine-et-Oise). Jugement transcrit à Bezons le 23 janvier 1917". La perte de son Livret militaire par Louis lors de la bataille de Charleroi est la cause d'un cafouillage lors de l'annonce de sa mort à sa mère, restée seule à Bezons. Comme nous le voyons en lisant une fiche de demande de recherche faite auprès du Comité International de la Croix Rouge (CICR), Louis a dans un premier temps été considéré comme "disparu". Il existait donc un espoir qu'il ait été fait prisonnier par les allemands. Malheureusement, son corps a finalement été identifié parmi les tués de Thillois.
Le Colonel, Commandant le 39e Régiment d'Infanterie cite à l'Ordre du Régiment le sergent Bouraine Louis Auguste, de la 10e Compagnie :
"A trouvé une mort glorieuse le 12 septembre, à la tête de sa demi-section qu'il conduisait à l'attaque des tranchées allemandes à 200 mètres de ces dernières."
Les honneurs. Ce 12 septembre 1914, les pertes humaines sont importantes. Le 39e compte 47 soldats tués au combat à Thillois, et on déplore 108 disparus et 277 blessés. Le lendemain, 13 septembre, le Général Joffre écrit au ministère de la Guerre : « Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout, l'ennemi est en retraite. Partout, les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées, surexcitées par le succès, exécutent une poursuite sans exemple par son extension... Le gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée. ».
Une section de la Compagnie rend les honneurs aux morts du 39e R.I.
Quelle connerie la guerre (Jacques Prévert, Paroles, 1946). Les 47 morts du 39e RI tombés à Thillois sont anonymes dans le Journal des Marches et Opérations du régiment. Ne sont nommés dans ce journal que les officiers. Les autres morts constituent "la troupe". Eh oui, tous les hommes sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres... Mais le cimetière de Thillois, situé au pied de l'église du village, conserve la mémoire des soldats tombés sur son territoire au cours des combats de septembre 1914. On peut lire le nom de Louis Bouraine dans la liste des hommes morts pour la France sur le monument dressé en leur souvenir sur l'ossuaire.
Note : André Bouraine, le frère de Louis, incorporé lui aussi au 39ème R.I. le 4 septembre 1914, aura plus de chance. Après un parcours militaire qui l'emmènera en Orient, il sera finalement démobilisé le 3 septembre 1919 et retournera chez sa mère, 18 rue Villa-Gauthier à Bezons.
Les pages suivantes montrent un extrait du JMO (Journal des Marches et Opérations) du 39ème Régiment d'Infanterie auquel appartenait Louis, autour du 12 septembre 1914, date de son décès.
Journal des Marches et Opérations du 39ème Régiment d'Infanterie. Tout d'abord une transcription des pages du journal pour la journée du 12 septembre 1914 au cours de laquelle Louis Bouraine est tué.
12 septembre. / Ordre Général n° 42 : L'Armée continue la poursuite. Le 39ème forme l'A.G. de la 5ème DI. Ordre de marche : tête de l'A.G., 2ème Btn et Cie du Génie. Gros de l'A.G. à 800m de distance : 3ème Btn, sections de mitrailleuses du 36ème et du 129ème, 1 groupe A.D5 encadré par 1 Cie du 1er Btn, 3 Cie du 1er Btn, ambulance.
La tête du 2ème Btn se présente à 7H au P.I. (sortie E de Lhéry). Le débouché est retardé de 10 minutes par suite de l'arrivée à la même heure au P.I. de la brigade de cavalerie de Corps qui encombre le passage et défilé devant le Régt sur la route de Tramery. Itinéraire : Tramery - Poilly - Boulinas - Méry - Prémecy - Gueux. À 1400m de la sortie de Lhéry, les 2 Cies d'A.P. rejoignent le 3ème Bon. La colonne continue sa route couverte à droite et à gauche par des fractions d'Infanterie et des patrouilles d'éclaireurs montés.
À 10H30, l'A.G. entre dans Gueux qui, au dire des habitants vient d'être évacué quelques instants auparavant par les allemands. Le village est fouillé par l'A.G. qui s'empare d'un approvisionnement assez considérable de farine que les fuyards n'ont pas eu le temps de charger sur des voitures. Dans le château on fait un prisonnier (du 91ème Régiment d'Inf.) et l'on apprend que l'ennemi peu nombreux s'est retiré dans les tranchées qu'il a établies dans la nuit entre la garenne de Gueux et Thillois. Tandis que le Btn tête de l'A.G. tient les débouchés du village de Gueux avec la Cie du Génie, le 3ème Btn continue sur Thillois pour en déloger l'ennemi. Le 1er Btn est maintenu à l'entrée S.O. de Gueux à la disposition du Général de Brigade. Une de ses Cies est détachée vers la garenne de Gueux pour observer et contenir tout ennemi débouchant du N. Les compagnies du 3ème Btn de déploient en éventail, une Cie à droite de la route de Gueux-Thillois, les 3 autres à gauche. Le mouvement en avant se poursuit très rapidement jusqu'à environ 800m des tranchées ennemies. Des feux très violents de mousqueteries nous obligent alors à n'avancer que par bonds; en même temps une batterie d'artillerie allemande établie au N.E. de Thillois fait pleuvoir une grêle d'obus sur nos troupes. Un groupe A.D5, qui avait pris position vers la cote 204 pour faciliter éventuellement l'attaque de Gueux se porte alors sur les pentes S.O. du mamelon cote 101 (à 800m au S.E. de Gueux) et répond à l'artillerie adverse. Pour appuyer le 3ème Btn, le Lt Colonel commandant le Régiment prescrit au 2ème Btn de se diriger sur la Garenne de Gueux avec les 2 sections de mitrailleuses du 36ème et du 129ème. Ce bois est enlevé sans grande résistance, mais les Cies ne peuvent en déboucher sous le feu intense partant des tranchées qui garnissent le mouvement de terrain à l'O. de Champigny.
De son côté le 3ème Btn est obligé de s'arrêter à quelques centaines de mètres de la grande route, étant pris sous les feux croisés qui partent à la fois des tranchées mentionnées plus haut et des lisières du village de Thillois. Néanmoins ce Bton se cramponne au terrain et ne recule pas d'une semelle, malgré les pertes très sérieuses qu'il subit sur ce terrain plat et sans le moindre abri.
Le 1er Bataillon (3ème Cie) est alors envoyé sur la gauche pour prolonger le 2ème Btn et tourner les tranchées ennemies. Après un feu violent d'artillerie sur le village de Thillois et sur les positions ennemies, le régiment reprend son mouvement par bonds successifs et parvient à environ 300m des tranchées, mais il ne peu se rapprocher d'avantage en raison de ses pertes. Vers 18 heures le général de Brigade le fait alors appuyer à gauche par 2 Btns du 74ème à droite par 1 Btn du même régiment puis par les 2 Btns du 274ème. Notre artillerie redouble son feu et permet aux 2 Btns du 74ème de tourner la position et de la faire tomber. Le Régiment bivouaque à Thillois.
Dans cette journée, le Régt a subi des pertes importantes : Le capitaine Burel-Tranchard et le sous lieutennat Dumontier (10ème Cie) ont été tués, le capitaine Broquette, les lieutenants Mizony (5ème Cie) et Bablot (9ème Cie), les sous-lieutenants Boust (12ème Cie) et Coffin (5ème Cie) ont été blessés.
La troupe comptait en outre
Tués : 47.
blessés : 277.
disparus: 108.
A.D5 = Artillerie de la 5ème Division - A.G. = Avant-Garde - A.P. Avant Poste - Btn = Bataillon - Cie = Compagnie - DI = Division d'Infanterie - P.I. Point Initial
Page suivante : une carte et un plan des lieux.
Cartes et plans.
Parcours de Louis Bouraine entre le 5 août et le 12 septembre 1914 (fond de carte des chemins de fer Chaix de 1921). On peut s'interroger sur les raisons, sans doute éminemment stratégiques, qui ont conduit nos brillants généraux à débarquer les soldats dans une petite gare à 150 km de Charleroi - plutôt que par exemple à Maubeuge - imposant ainsi une marche d'approche épuisante (portion verte du parcours).
Bleu : transport en train; Vert : marche vers Charleroi en Belgique;
Rouge : repli vers la Marne; Mauve : contre-attaque jusqu'à Thillois.
Détails du parcours du 39e R.I. entre Novion-Porcien (Ardennes) le 6/08 1914 et Charleroi (Belgique) le 20/08 1914. Après la descente du train à Novion-Porcien, les fantassin de la 10e Compagnie du 39e RI vont parcourir environ 160 km en 14 jours pour se rendre près de Charleroi en Belgique. La progression ne semble pas très rapide, mais n'oublions pas que chaque fantassin a entre 20 et 30kg de "barda" sur le dos...
D: Neuville-lès-This - 16/08 E: Remilly-les-Pothées - F: Blombay - G: Éteignères
17/08 H: Tarzy - I: Signy-le-Petit - J: La Neuville-aux-Joûtes - K: Cendron (Belgique) - L: Seloignes - M: Salles - 18/08 N: Rance - O: Ranlies -
19/08 P: Walcourt - Q: Gerpinnes - 20/08 R: Bouffioulx.
Fonds de carte (c) Google-Maps
Détails du parcours du 39e R.I. lors de la retraite depuis Charleroi le 22/08 1914 jusqu'à Sézanne le 05/09 1914. Cette fois il s'agit d'une marche forcée interrompue par des batailles. Les hommes de la 10e Compagnie du 39e RI vont parcourir environ 300km dans le même délai de 14 jours ! Arrivés dans la Marne, ces mêmes hommes vont recevoir l'ordre de se retourner pour reprendre le combat et ils repousseront les allemands.
** Cliquer sur les cartes pour agrandir (*)
Ci-dessous, une vue actuelle, par Google, du champ de bataille de Thillois, Marne, vu en altitude depuis la sortie de Gueux. Thillois est en haut, un peu à droite. Par là, quelque part dans ce qui était à l'époque une "garenne", Louis Bouraine est tombé sous les balles des allemands ou atteint par un obus (la précision n'est pas donnée par les documents militaires, il n'était que sous-officier ...).
Une portion de la carte d'Etat-Major établie vers 1880 est plus proche de la réalité de l'époque.
Sur le plan ci-dessous, on voit le déplacement du front entre le 5 et le 13 septembre 1914 faisant suite à la contre offensive française (document AC-Rouen hist-geo).
Principales sources d'information consultées :
• Les Archives départementales des Yvelines (clic)
• Les Archives départementales du Val d'Oise (clic)
• Les Archives départementales de Seine-Maritime (clic)
• Les Archives départementales des Hauts-de-Seine (clic)
• Les Archives du Service historique de la Défense (clic)
• Les Archives historiques du Comité International de la Croix Rouge (clic)
• FranceGenWeb-Memorial (clic)
Plus d'informations sur les batailles en août-septembre 1914 :
• La bataille de Charleroi (clic)
• La bataille de Charleroi vue par le Général Lanrezac (clic)
• La bataille de Sambre et Meuse (clic)
• Les batailles de Sambre, Marne et Yser (clic)
• La bataille de Guise - septembre 1914 (clic)
• Un historique de la bataille de la Marne au CRDP de Reims (organisme disparu à chercher dans canopé.fr).
• La bataille de la Marne 5-13 septembre 1914 (Ac Rouen hist-géo). = lien rompu.
Histoire du 39ème Régiment d'Infanterie :
• Une histoire du 39e R.I. sous la plume du soldat Finaud (pdf)
• Historique sommaire du 39e R.I. 1914-1918
• Le parcours du 39ème R.I. (clic)
La météo au temps de la Grande Guerre :
• Quel temps faisait-il... (clic)
Les informations et l'iconographie autour de l'histoire de Louis Bouraine sont certainement incomplètes. Je serai probablement amené à ajouter ultérieurement au présent article ce que je découvrirai ou ce qu'on me signalera. De plus, d'autres membres de la famille ont également participé avec plus ou moins de chance à la guerre de 1914-1918. Je publierai leur histoire lorsque j'aurai recueilli assez d'éléments pour le faire utilement.
Ci-après copie partielle du JMO du 39e R.I.
Journal des Marches et Opérations du 39ème Régiment d'Infanterie, pour les 11 et 12 septembre 1914 (cliquer pour agrandir).
Appréciation, question, commentaire ? Réagir=(clic) - merci.
2 commentaires
Pourriez-vous me préciser où ce peloton d’élèves caporaux de 1913-1914 se trouvait. J’ai trouvé une carte postale d’un membre de ma famille faisant partie de ces “élèves caporaux de 1913-1914″ mais il n’y a pas de précision de lieu dans le texte au dos de la carte ! Merci. A Roche
Bonjour A. Roche. Comme expliqué dans l’article, le cousin Louis a fait son service militaire à la caserne Hatry de Rouen. C’est là qu’il a été élève caporal. Vous pouvez trouver où votre parent a fait son service en consultant sa fiche matricule. Celle-ci est probablement accessible en ligne sur le site des archives départementales du lieu de recensement militaire (lieu de naissance le plus souvent). Cordialement. J.L.
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