Musique : Franz Schubert (1797-1828)
Si une première approche d’une oeuvre musicale nouvelle s’avère difficile, voire insatisfaisante, les personnes cultivées qui lisent ces pages vont lui donner au moins une seconde chance. Une écoute répétée va la leur rendre familière. De la familiarité au plaisir (*) il n’y a alors plus qu’un peu de temps. Cet effet de familiarité est bien connu des sociétés d’édition musicale qui, avec la complicité des médias, nous assènent leurs “tubes” jusqu’à ce que nous croyions indispensable d’en posséder une copie. À propos de répétition, on sait déjà que des liens vers les auditions des oeuvres et vers la biographie des auteurs cités viennent compléter et augmenter le texte original de mon cahier d’Histoire de la musique. Les noms des auteurs mènent sur Wikipédia et les titres des oeuvres conduisent sur Youtube (*). Pour voir la liste des chapitres : clic
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Franz Schubert est né en 1797 à Lichtental près de Vienne. Il est le douzième enfant d’un famille modeste. Il est éduqué très jeune à la musique et aux instruments, violon, piano, orgue, par son père et un frère aîné. Cela lui permet d’être admis au choeur de la chapelle impériale de Vienne. Mais finalement il finira ses étude à l’école normale pour être instituteur, comme son père.
Il commence à composer à l’âge de 17 ans et devient assez vite un musicien reconnu. Dès le début des années 1820, il est au centre de réunions d’amis consacrées à la musique qu’on connaît sous le nom de “schubertiades“. C’est aussi la période où il commence à être malade, probablement de la syphilis. Mais c’est de la fièvre thyphoïde qu’il mourra finalement, à l’âge de trente-et-un ans, en 1828.
Schubert est donc un musicien viennois qui excelle dans le genre “lied“. D’un tempérament essentiellement romantique, c’est un musicien “inspiré". Le lied lui convient parfaitement.
Le lied apparaît déjà chez les musiciens allemands comme Zelter, mais aussi dans les oeuvres lyriques de Mozart ou de Beethoven. Schubert le porte à son plus haut degré de perfection dès ses premiers essais à l’âge de 17 ans. Il en compose plus de six cents !
Conception du lied chez Schubert
Pour Schubert, trois éléments d’égale importance interviennent dans sa conception du lied.
• le texte : à partir de poèmes de Goethe, Schiller, mais aussi Muller, poète mineur mais qui correspond à la musique de Schubert.
• la mélodie : elle doit suivre exactement les intentions du poème.
• l’accompagnement intrumental : (au piano) ce n’est pas seulement un accompagnement, l’instrument crée le décor, l’ambiance; très souvent il prolonge l’émotion expressive au delà du poème.
Forme du lied
La forme de l’oeuvre suit la forme du poème. Elle est soit composée individuellement, soit groupée dans un cycle.
Audition : Schwanengesang (le chant du cygne), D.957 - Der Doppelgänger (le sosie), dernier lied du dernier cycle de Schubert.
Autre version du Sosie : ♬ - ou au piano (transcription de Liszt) : ♫
Audition : Le roi des aulnes, version chantée ♫ ou transcription piano de Liszt ♬.
Au delà du lied
Pour terminer j’ai envie de me laisser aller à casser une icône : après tout le “lied” n’est-il pas qu’une chanson, tout simplement, qui se prend un peu au sérieux ? Ils sont une façon de déposer de la musique autour des vers d’un poète. Ce qui n’était pas du goût de Victor Hugo, paraît-il, à qui l’on a prêté la formule définitive : “défense de déposer de la musique au pied de mes vers“. Si ce n’est pas Hugo l’auteur de ces paroles, certains suggèrent de demander à Leconte de Lisle de bien vouloir en assumer la paternité.
À côté des lieder (*), Schubert a composé des chorals et des opéras, mais également des oeuvres instrumentales : symphonies, sonates, trios, quatuors et quintettes. Loin de toute idée d’exhaustivité, comment cependant ne pas citer (et écouter) son célèbre quintette “La truite” ou encore ses quatuors “Rosamunde” ou “La jeune fille et la mort” - choix tout à fait personnels.
Audition : Quintette en la majeur, D. 667 ♬ La truite
** si vous avez hâte de retrouver la mélodie la plus connue c’est le 4e mouvement (Andantino – Allegretto en Ré majeur ) : ♫
Audition : Quatuor no 13 en La mineur, D. 804 ♫ Rosemonde
Audition : Quatuor no 14 en Ré mineur, D. 810 ♬ La jeune fille et la mort
Si c’est trop en une seule fois, revenez-y une deuxième fois, etc. !
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L’original aux feuilles jaunies par le temps (2 pages)
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À suivre… Hector Berlioz (1803-1869)
1 commentaire

Au travers de presque toutes ses œuvres, j’ai pu vérifier (j’ai rien découvert !) son sens inouï de la mélodie, mais aussi sa polyvalence de style. En ce moment précis, ma fille qui fait du piano se casse un peu les dents sur le premier de ses impromptus. C’est très beau mais d’exécution fort difficile.
Pour moi aussi “Rosamunde” et “La Jeune Fille et la Mort” sont des chefs-d’œuvre particulièrement achevés. Alors que comme tout le monde le sait sa 8ème symphonie ne l’est pas. J’ai dû lire que c’est parce qu’il n’a pas trouvé l’inspiration pour écrire les deux derniers mouvements, tant les deux premiers sont célestes. Il avait donc commencé trop fort… J’aime aussi beaucoup sa 9ème, nerveuse et entêtante, et à mes yeux (ou plutôt à mes oreilles) elle est supérieure à la 9ème de Beethoven dont il cite pourtant le thème principal dans la sienne, en sorte de clin d’œil (j’ai essayé de cligner de l’oreille, mais je n’y suis pas parvenu…).
Pour moi Franz Schubert un autre géant qui a eu le grand tort de partir trop vite !
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