Musique : Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Avec François Couperin, mon cahier d'Histoire de la Musique nous a fait passer du XVIIe au XVIIIe siècle sans grande révolution. Nous verrons qu'avec Jean-Philippe Rameau il est question également de continuité, jusqu'à ce qu'une rupture musicale divise les français. Nous apprendrons aussi ce que Goscinny et Uderzo ont de commun avec Rousseau et Mozart ... Je pense avoir déjà écrit que le texte original de mon cahier est augmenté par des liens vers les auditions des oeuvres et vers la biographie des auteurs cités dans le texte : les noms des auteurs mènent sur Wikipédia et les titres des oeuvres conduisent sur Youtube (*). Pour voir la liste des chapitres précédents : clic
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de la "sensibilité dans l'harmonie" (Cl. Debussy)
Biographie sommaire
Né à Dijon en 1683, fils de musicien, Jean-Philippe Rameau apprend la musique dès son plus jeune âge avec son père, organiste à l'église Saint-Étienne de Dijon.
Il fait des études dans un collège jésuite au cours desquelles il se distingue dans la musique et dans les sciences physiques. L'intérêt qu'il porte à la physique orientera sa façon d'aborder la musique.
Après le collège, il part pour l'Italie où il s'arrête quelques temps à Milan. Mais il revient assez vite en France où il mène une vie assez errante de musicien nomade en accompagnant des comédiens. Puis il s'installe comme organiste à la cathédrale de Clermont-Ferrand. Il a dix-neuf ans. Il compose alors ses premières pièces de clavecin qu'il fera éditer à Paris quand il aura vingt-cinq ans avant de retourner à Clermont. Il ne reviendra se fixer à Paris que quand il aura quarante ans. Ce ne sera qu'à l'âge de cinquante ans qu'il écrira son premier opéra.
La musique de Rameau
Jean-Philippe Rameau est donc avant tout un organiste. Il attache un soin particulier aux accords. Mais il ne laissera pas de partitions écrites pour l'orgue. Ses premières oeuvres entre 1706 et 1728 sont pour le clavecin.
Audition : Le tambourin [♫], La villageoise [♬], Tendres plaintes [♪] et La poule [♫]: rondos écrits pour le clavecin par Rameau.
Les théories de Rameau
Rameau met au point à Clermont-Ferrand une théorie nouvelle : "L'harmonie réduite à ses principes naturels" (rappel : l'harmonie est la science des accords et de leur enchaînement). Il base son ouvrage sur le fait que tous les accords sont faciles à obtenir à partir de deux accords : l'accord parfait majeur et l'accord parfait mineur. Son intérêt pour la physique le conduit à observer les harmoniques et à théoriser leur usage. Il développe et précise les règles de l'harmonie tonale.
Les accords doivent avoir une valeur expressive. Rameau donne donc à chaque accord et chaque tonalité une valeur expressive. Il dicte également les règles d'enchaînement des accords.
L'opéra de Rameau
Vers l'âge de cinquante ans, Rameau rencontre un mécène, Le Riche de la Poupelinière, qui le nomme directeur de sa musique et lui fait connaître l'abbé Pellegrin, le librettiste. Ils écrivent ensemble un opéra, "Hippolyte et Aricie". Ce premier opéra a un très grand succès, mais il aura cependant quelques détracteurs. Rameau écrira à la suite un autre opéra, "Castor et Pollux", puis de nombreux opéra-ballets comme le célèbre "Les Indes galantes".
Jean-Philippe Rameau se révèle comme le véritable continuateur de Jean-Baptiste Lully. Son opéra se présente sous la même forme que celui de Lully : ouverture à la française, prologue, cinq actes avec récitatifs, choeurs, ballets (*). Mais le côté théâtral est plus accentué et le côté dramatique diminué. Rameau se montre beaucoup plus souple et plus expressif que son prédécesseur.
Audition : Air du "Rossignol amoureux" [♫] et Deux gavottes de "Hippolyte et Aricie" [♬]) de Rameau.
Audition : Castor et Pollux [♬] de Rameau.
Audition : Extraits des "Indes galantes" [le rondo ♬ ] [♫] - scène des Incas : Air de l'Adoration du Soleil [♫] de Rameau.
L'opéra de Lully correspondait à son siècle, le XVIIe, celui de Rameau est une oeuvre anachronique puisqu'elle continue celle de Lully en plein XVIIIe siècle. Une rupture ne peut que se produire. Rousseau, qui prône un retour à la nature, est suivi par tous les penseurs et ce mouvement s'exprime dans tous les domaines :
• Dans le théâtre : Denis Diderot réclame un drame réaliste. La mode change et à la tragédie classique va succéder la comédie larmoyante.
• En peinture, Jean-Baptiste Greuze peint de scènes familières.
• Seule la musique savante ne change pas.
C'est dans ce contexte que va être donnée en 1752 à Paris une pièce italienne, un opéra buffa de Pergolèse, La servante maîtresse. C'est elle qui va provoquer la cassure, la réaction. Cet opéra possède un caractère comique. Sa musique est très simple. Ses décors sont simples. Il n'y a plus de symphonie. Il ne reste que l'histoire et l'opéra chanté. Certains vont s'enflammer pour cet opéra; d'autres vont réagir négativement sonnant le début de la querelle des Bouffons et des Français. La France entière prend parti : dans le camp français, le roi Louis XV, la Pompadour, Dalambert - dans le camp italien, Rousseau, Diderot, la reine Marie Leszczynska...
L'opéra bouffe est né des intermèdes comiques que l'on jouait au cours des opéras classiques. Le sujet est pris dans la vie courante. La pièce est courte avec peu de personnages. La musique est simple, mais tout est chanté. Les récitatifs sont vifs et enjoués. Les airs sont devenus simples également. Il s'agit donc d'un art totalement différent qui va éclipser l'opéra classique pendant près d'un siècle.
Audition : Début de l'opéra bouffe La servante maîtresse [♫] de Pergolèse.
Rousseau attaque violemment l'opéra français. Il est cependant de mauvaise foi. Pour montrer l'exemple, il compose "Le devin du village" qui met en scène Colas et Colette qui s'aiment mais ne s'en aperçoivent pas. Il donne à cette oeuvre le nom de "divertissement d'opéra".
Audition : final de Le devin du village (Colas et Colette) [♫] de Rousseau.
Mozart, en entendant cette pastorale, sera conquis et recomposera le thème pour "Bastien et Bastienne" [♬].
Pour mes adorables visiteuses (et les visiteurs aussi) qui n'auraient pas une culture de la BD classique et qui n'auraient pas deviné le sens de mon allusion à Uderzo et Goscinny dans le préambule de cette page, je propose la consultation de ce lien : clic
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L'original aux feuilles jaunies par le temps (5 pages)
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À suivre... L'opéra comique
2 commentaires

Merci Jacques, c’est une très belle page.
Avec Rameau, on a droit à tout un festival de trilles et autres appoggiatures. Au début (dans ma prime jeunesse) je détestais cette façon de jouer du clavecin, mais avec une écoute répétée, on finit par apprécier. Ceci dit, je me demande si l’interprète (Scott Ross) ne rajoute pas ici ou là des trilles, en plus de celles écrites sur la partition de la “Villageoise” qui est montrée…
Sur le portrait de Rameau, je lui trouve un menton disons “avantageux"; serait-il apparenté aux Habsbourg ?
PS: j’ai pas deviné, car je n’ai pas cet album, par Toutatis !

Hello, Je possède l’intégrale du clavecin de Rameau par Scott Ross, un de mes albums préférés. J’avais assisté il y a longtemps à un de ses concerts au château d’Assas près de Montpellier, où il jouait sur le clavecin de l’enregistrement, un clavecin français dont le son est assez doux. Ces enregistrements ne sont apparemment plus en vente mais on peut les trouver sur Utube.
A bientôt. René
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