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14/11/2011

Minc-11, un mini ordinateur "pro"

  23:47:00, par Jac Lou   , 730 mots  
Catégories: Informartique

 Comme on le voit dans ce qui précède (*), j'ai commencé à m'intéresser à l'informatique dans les années 1960 par simple curiosité pour tout ce qui est technique ou scientifique. Ce que j'ai pu lire et apprendre grâce à cette curiosité s'est révélé constituer un avantage qui m'a valu le respect (enfin, je crois :) de mes collègues quand, au cours de mon travail de thèse à la fin des années 1970, j'ai eu l'occasion de participer à la décision d'achat d'un mini-ordinateur pour mon laboratoire. Un Minc-11 de "Digital Equipment Corporation" (DEC) a été choisi. La machine coûtait, si je me souviens bien, quelque 160 000 F de l'époque. Ce choix, qui dépassait ce que le budget normal du laboratoire aurait dû permettre, était en large part déterminé par notre administration de tutelle qui nous accorda une ligne de crédit exceptionnelle pour réaliser l'achat. J'ai cru entendre, à l'époque, les couloirs murmurer et insinuer qu'un des cadres supérieurs de l'Institut National dans lequel je faisais mon travail de thèse avait une épouse qui travaillait chez DEC. Mais il s'agissait, bien entendu, de couloirs particulièrement malveillants. Les instances supérieures en France sont sans doute incapables de ce genre de conflit d'intérêt...

Minc-11 (photo empruntée à "binary dinosaurs")

 Un Minc-11 - en fait une unité centrale PDP-11 munie d'entrées-sorties analogiques à gain programmable et d'interfaces de déclenchement (triggers) et de numérisation - a été finalement mis entre nos mains inexpertes (les chercheurs sont supposés savoir tout faire, n'est-ce pas ?). Notre Minc-11 comportait deux unités de stockage à disquettes souples (floppy disks) de huit pouces (environ 20 cm) et deux unités de "disques durs" de 5 Méga-octets (non, ce n'est pas une erreur; à l'époque c'était beaucoup). Ces disques durs étaient des galettes amovibles de 40 cm de diamètre insérées dans des tiroirs aux dimensions en rapport ! En complément du matériel nous avions aussi une imprimante matricielle sur papier listing à "bandes carol", c'est à dire avec une rangée de perforations de part et d'autre du papier plié en accordéon. Une dernière chose nous a été livrée avec le matériel : une affiche disant "With MINC more time to think". On pouvait le comprendre au moins de deux manières... Le système d'exploitation était un avatar de type Unix appelé RT-11. On passait des commandes au système dans une interface à fond noir, similaire dans son aspect rébarbatif à ce que vous avez pu connaître si vous avez utilisé le DOS sous-jacent à Windows. Les Entrées-Sorties et les interfaces de numérisation pouvaient être pilotées grâce à des routines spécifiques prévues dans les deux langages de programmation fournis : un compilateur Fortran et un interpréteur Minc-Basic.

 J'ai encore beaucoup appris en essayant d'apprivoiser l'animal. Pour aider mes collègues moins férus que moi d'informatique, j'avais notamment, dès 1977-78, écrit des scripts en utilisant les codes de ligne de commande RT-11 (le système Unix livré avec la machine) une interface "en langage naturel" dans laquelle on pouvait lancer les principales applications et interroger la machine avec des phrases courantes comme "quelle heure est-il ?" ou "je voudrais écrire un texte" ou encore "je veux imprimer mon texte". Si j'avais bien prévu une question du type "dois-je prendre mon parapluie", très en vogue au moment où je rédige ces lignes (référence à la commande vocale du dernier avatar de smartphone de la marque à la pomme que tous les journalistes ont pris comme exemple en ce début de novembre 2011), la réponse était simplement un conseil d'aller regarder à la fenêtre :). Je le raconte ou raconterai en détail ailleurs dans le blog "Mon histoire de l'informatique (clic)".

 Cet ordinateur bien que dans la catégorie des "mini" était encore trop imposant pour pouvoir être utilisé dans l'espace réduit des laboratoires près de nos tables de "manip" et se trouvait donc exilé dans une "pièce informatique", sans fenêtre, mais avec une aération refroidie. Il était relié au poste d'expérimentation (à la manip) par des câbles coaxiaux que j'avais fait courir sous le plafond dans les couloirs. Il y avait bien 25 à 30 mètres de câbles, ce qui aurait dû poser des problèmes, mais ça marchait. Il faut dire que les débits étaient loin du Gigabit par seconde !

 Le mini ordinateur a finalement été échangé bien plus tard contre un compatible PC de marque Tandon (PAC 286 et PAC 386) et a sans doute fini ses jours à l'École Normale Supérieure de Paris. J'ai malheureusement poubellisé tous les documents concernant notre Minc-11.

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1 commentaire

Commentaire de: José [Visiteur]
José

Ah, notre brave Minc 11 !

31/03/2016 @ 22:38


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