« Pour monter au sommet de l'Arc de Triomphe... | Début d'automne en Champagne » |
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Comme Louis Louvel, mon grand-père, Paul Reuss, fut incorporé au 5ème Régiment d’Infanterie (5ème R.I.) à la caserne Dumont-d’Urville à Falaise et fut considéré comme disparu dans le no man’sland autour du pont du Godat, le 26 septembre 1914.
••• Voici quelques courts extraits des nombreuses lettres que Paul Reuss (5ème R.I., 7° compagnie), écrivit à ma grand-mère, Marguerite Reuss-Cadier, (et qu’elle reçut, en fait, bien après le 26 septembre).
4 septembre 1914 : « ….nous entendons tout à coup siffler les balles autour de nous. Chacun cherche un abri….tiré mon premier coup de feu contre un ennemi invisible dans un bois…».
7 septembre 1914 : « Deux corps d’armée français se battent en avant et nous sommes en réserve, ce qui permet de se reposer un peu…Les allemands continuent à reculer. L’entrain revient parmi nous malgré l’absence de vivre….».
10 septembre 1914 : «…Des obus d’une batterie allemande tuent quelques-uns des nôtres à l’avant garde. Nous traversons la Marne sans encombre et avançons très prudemment….».
18 septembre 1914 : « Tous les jours la mort fauche impitoyablement dans nos rangs et nul ne peut savoir quand son heure sera venue…».
25 septembre 1914 : « Depuis 10 jours, nous sommes ici, en face de l’ennemi, couchés dans des tranchées plus ou moins abrités….On se fait très bien au danger et on ne s’inquiète presque plus des éclats d’obus quand par hasard ils viennent à tomber près de nous…Mes chaussures commencent à se déchirer et à faire eau ce qui est bien ennuyeux ; mais si la campagne ne se prolonge pas trop longtemps je ne serai pas obligé de marcher pieds nus….».
Mais finalement le cadavre de Paul Reuss fut retrouvé dans le no man’s land, puis authentifié, Si bien que sur sa fiche de décès, du 22 août 1918, on peut lire “tué à l’ennemi” et non “disparu” et qu’une croix de la Nécropole Nationale de la Maison Bleue à Cormicy porte son nom avec le numéro 131.
••• Voici des extraits d’un article ancien qui pourrait apporter des précisions sur les circonstances des morts de Louis Louvel et de Paul Reuss.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6528898x/texteBrut
Titre : Les Combats du Godat. Pages d’histoire de la 12e brigade. Préface du colonel Jacques Renié
Auteur : Bouvier Henri.
Éditeur : Berger-Levrault (Nancy)
Date d’édition : 1925
«… Quand on parle du Godat à ceux qui ont combattu là en 1914, on comprend que l’émotion la plus forte de cette bataille, celle qui leur laissa le souvenir le plus vivace et le plus pathétique, ils l’ont vécue dans la nuit du 25 au 26 septembre 1914. La lutte atteignit à ce moment-là son maximum d’intensité, et ce fut une lutte terrible, dans le désordre de la nuit noire, où l’on s’entretua à tâtons. »
Au sujet du soir du 25 septembre 1914:
«….dans la maison d’habitation de la ferme du Godât, à quelques mètres des tranchées de première ligne.
… un vacarme indescriptible produit par une fusillade intense au milieu de laquelle on entendait des cris de toutes sortes.
Les Allemands, en colonnes serrées, cherchaient, par une attaque de nuit, à s’emparer du pont du Godat et à rejeter le 5e R. I. sur la rive ouest, ce qu’ils n’avaient pu faire dans dix attaques de jour.
Nos postes d’écoute, submergés, avaient à peine pu donner l’alarme, et les colonnes ennemies, poussant de formidables hourrahs, s’étaient précipitées la baïonnette basse sur nos fantassins épuisés de fatigue.
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Cependant le combat se poursuivait de tous côtés dans un grand désordre causé par la surprise, la nuit très noire et la difficulté de coordonner les efforts. C’est alors que les initiatives individuelles dirigèrent l’action dans ce corps à corps sanglant où se révélèrent les magnifiques qualités que des chefs tels que le général Lavisse et le lieutenant-colonel Bouteloup avaient su développer dans le cœur de leurs soldats.
………..
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Malgré la cohue, malgré l’émoi, malgré les cris terribles qui dominaient le bruit et affolaient les têtes, il y eut des prodiges de valeur tels que l’ennemi, malgré sa supériorité numérique, ne put aboutir dans ses projets.
…………
De-ci, de-là, des poignées d’hommes groupés autour de chefs énergiques tinrent tête à l’ennemi, brisant son effort et le forçant à refluer. C’est ainsi que l’adjudant-chef Desrives, avec quelques servants, installa sa mitrailleuse près de la route du Godat et faucha sans arrêt les vagues renouvelées des assaillants.
……..
Nos pertes furent lourdes, certes, mais l’ardeur des nôtres fut si grande, et si grandes aussi leur bravoure et leur opiniâtreté, que la brigade bavaroise, en se retirant laissa……
………………
la ferme n’est pas reconstruite après la guerre (le pont sur le canal non plus). ».
••• Voici un article actuel, qui me parait intéressant, sur la “psychologie du fantassin", par le spécialiste militaire bien connu, Michel Goya.
https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-ldm-2003-1-page-81.htm
Jean Daniel Reuss, petit-fils de Paul Reuss
Merci Jean Daniel pour toutes ces informations passionnantes. Nos deux anciens se sont côtoyés, ont été tués ensemble et cela nous rapproche plus de cent ans après… Je n’ai pas eu votre chance d’avoir des lettres écrites par le cousin Louis sur lesquelles j’aurais pu appuyer mon récit. Je vous envie. Si vous avez publié vos informations de votre côté, n’hésitez pas à nous donner le lien ici.
Cordialement, Jacques
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