Musique : Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Cela ne se discute même pas, Beethoven est un très grand génie. Je vous accorde toutefois que lorsqu'il écrit "Ce que je suis, je le suis par moi [...] Il n’y a qu’un Beethoven" c'est peut-être un peu trop "la grosse tête" (*). Bon d'accord, c'est à replacer dans le contexte (*). Nous laisserons à Romain Rolland le soin de qualifier le musicien et l'homme (*) avant de célébrer son deux cent cinquantième anniversaire. Le texte original de mon cahier d'Histoire de la musique est augmenté par des liens vers les auditions des oeuvres et vers la biographie des auteurs cités. Les noms des auteurs mènent sur Wikipédia et les titres des oeuvres conduisent sur Youtube (*). Pour voir la liste des chapitres précédents : clic
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« Il est bien davantage que le premier des musiciens.
Il est la force la plus héroïque de l’art moderne » (Romain Rolland)
Ludwig van Beethoven est né en 1770 à Bonn, en Rhénanie (Allemagne) dans une famille de modestes musiciens. Son père, Johann, est musicien à la cour de l'Électeur de Bonn et il lui enseigne la musique. En 1778 Ludwig est âgé de huit ans et il a appris le piano. Son père tente de reproduire avec lui ce que le Léopold Mozart avait fait avec son fils, en l'entraînant dans une tournée en Rhénanie puis en 1781 aux Pays-Bas.
Élève de Neefe il découvre Le Clavier bien tempéré de Bach. À partir de 1882 il commence à composer pour le piano.
En 1784 Beethoven est organiste pour l'Électeur Max-Franz. Il est remarqué par le comte Waldstein qui le conduit à Vienne où il joue devant Mozart. Il reçoit l'enseignement de Haydn, mais les relations avec son maître ne sont pas les meilleures possibles. Haydn étant parti pour Londres, Ludwig poursuit sa formation à Vienne avec notamment Salieri. Vainqueur dans des "joutes musicales" (*), ses talents de pianiste improvisateur sont unanimement reconnus.
Influencé par la "France des lumières", par la Révolution française puis par Bonaparte, il affirme son indépendance. À partir de la fin des années 1790, alors qu'il commence à composer ses premiers chefs d'oeuvres, Beethoven commence à souffir d'acouphènes puis progressivement de surdité. Il s'isole mais continue à écrire de la musique. Sa production subira cependant une éclipse partielle entre 1812 et 1817, puis reprendra magnifiquement, mais dans une indifférence grandissante du public viennois. Il meurt à Vienne en 1827.
Ludwig van Beethoven a manifesté un très grand génie dans deux directions : les sonates pour piano et les symphonies.
Les sonates pour piano
Beethoven a écrit 32 sonates pour piano. C'est dans ces oeuvres qu'il s'est exprimé totalement. Le romantisme y apparaît progressivement. Les sonates pour piano peuvent être classées en trois périodes : une période classique, puis une période avec un cadre classique et un fond romantique et enfin une période romantique. La période romantique exprime une quête du bonheur et la connaissance d'un destin implacable contre lequel il faut lutter sans espoir.La sonate "appasionata" est écrite durant une période d'euphorie qui suit les fiançailles secrètes de Beethoven avec Thérèse de Brunswick. Romain Rolland dit que c'est "un torrent de feu dans un lit de granit".
Audition : ♫ sonate "Appasionata" en Fa mineur no 23 (1804-1805)
• Le 1er mouvement comporte deux thèmes : le destin (Fa mineur) et l'amour (La b min)
• Le 2e mouvement : allegro (Ré b min)
• Le 3e mouvement continue le deuxième avec deux thèmes en rapport avec ceux du 1er mouvement (Fa min et Do min)
Les symphonies
Beethoven, formé par Haydn, "le père de la symphonie", a écrit neuf symphonies. Ces oeuvres sont sous-titrées en fonction de leur célébrité.
Les deux premières symphonies sont dans la première manière, sur le modèle de Haydn et de Mozart
• 1e en 1800
• 2e en 1802
Les six suivantes sont dans la deuxième manière
• 3e en 1804 : "symphonie Héroïque"
• 4e en 1806
• 5e en 1805-1808 : "symphonie du Destin"
• 6e en 1808 : "symphonie Pastorale"
• 7e en 1812 : "symphonie Apothéose de la danse"
• 8e en 1812
La troisième manière inclut aussi la Messe en Ré Majeur (cf. infra), les derniers quatuors à cordes et les cinq dernières sonates pour piano.
• 9e en 1824 : "symphonie avec choeurs" sur l'Ode à la joie écrit en 1785 par Schiller.
Au cours du temps, dans la composition de ses oeuvres, Beethoven passe d'une forme classique à une forme plus libre. Il s'exprime de plus en plus personnellement.
Cette symphonie qui s'appelait initalement "Bonaparte" témoigne de l'admiration que Beethoven avait pour le général, mais qu'il perd lorsque ce dernier devient Napoléon. Beethoven déchire la dédicace lors du couronnement de l'empereur. Après la grave crise morale provoquée par sa surdité naissante qui lui avait fait écrire en 1802 son "Testament de Heiligenstadt", il s'était identifié au héros dans son oeuvre.
La 3e symphonie est écrite avec une forme classique mais est dotée d'un fond romantique. Le ton de Mi bémol Majeur est, pour Beethoven, celui de l'héroïsme. C'est le sens qu'il donne à l'accord parfait de la tonalité. Les rythmes confèrent aussi un caractère héroïque... L'orchestre est celui de Mozart avec un instrument supplémentaire : le cor.
• Premier mouvement (allegro) : le premier thème est en Mi b Maj et le deuxième en Si b min. Le développement est la partie essentielle, plus dramatique, brutale par moments, avec un troisième thème. Puis suit une réexposition des thèmes et la coda.
Audition : symphonie no 3 "Héroïque" en Mi b Majeur ♫ 1er mouvement par Bernard Haitink. (♬ version avec "partition graphique")
• Deuxième mouvement : il a été écrit en fait avant le premier. Beethoven s'identifie au héros et la marche funèbre est pour lui-même. Il est écrit en Do mineur. L'écriture est assez complexe mais on reconnaît tout de même trois volets : une partie funèbre au début et à la fin, une partie qui s'éclaire au milieu (le paradis du héros) où apparaissent des fugues. La fin connaît une désagrégation du thème.
Audition : symphonie no 3 "Héroïque" en Mi b Majeur ♫ 2e mouvement par Bernard Haitink.
• Troisième mouvement : un scherzo remplace le menuet - scherzo, trio, scherzo (en Mi bémol)
Audition : symphonie no 3 "Héroïque" en Mi b Majeur ♬ 3e mouvement par Bernard Haitink.
• Quatrième mouvement (finale en Mi b Maj) : il consacre la primauté de l'accord parfait dans une forme thème et variations. On reconnaît d'abord trois variations sur la base du thème, puis le thème qui comporte plusieurs fugues. La fin de la symphonie exprime le triomphe du héros.
Audition : symphonie no 3 "Héroïque" en Mi b Majeur ♬ 4e mouvement (Finale) par Bernard Haitink.
• Une version intégrale interprétée un peu plus rapidement
Messe en Ré Majeur
Beethoven s'est renfermé et s'est résigné à ne pas séduire ses contemporains. La Messe en Ré Majeur (Missa solemnis) est écrite pour honorer l'archiduc Rodolphe, un de ses plus brillants élèves. En 1820 Rodolphe doit être ordonné cardinal d'Olomouc, mais la partition n'est pas achevée. Elle ne le sera qu'en 1822 et sera publiée par souscription auprès de hautes personnalités viennoises.
Beethoven hésite longuement avant de l'écrire; il ne peut pas faire ce qu'il considère comme la "vraie" musique religieuse.
La messe comporte cinq parties : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus Benedictus, Agnus Dei. C'est en fait une sorte de grand oratorio jamais joué durant un service. En plus de l'orchestre symphonique, elle engage un choeur et un quatuor vocal.
Audition : Missa solemnis en Ré ♬ extrait du Credo par Harnoncourt.
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L'original aux feuilles jaunies par le temps (5 pages)
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À suivre... Beethoven : le 15e quatuor à cordes
1 commentaire

Beethoven est indéniablement un grand génie de la musique romantique, une sorte d’Everest.
Il occupe presque l’autre moitié de la lettre B de ma discographie.
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