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Passages de Vénus - Les anciens et les futurs
Kepler fut le premier qui, en 1626, après avoir dressé, sur les observations de Tycho-Brahé, ses tables rudolphines, osa prédire les époques où Vénus et Mercure passeraient devant le soleil. Il annonça un passage de Mercure pour 1631 et deux passages de Vénus, l'un pour 1631 et l'autre pour 1761. Le passage de Mercure fut observé le 15 novembre 1631, huit jours avant la mort du grand astronome. Celui de Vénus ne fut pas observé; Gassendi, qui s'y était préparé, fut empêché par la pluie de diriger sa lunette vers le soleil. Mais lors même qu'il aurait fait beau en France, on n'aurait pas aperçu le passage, car il s'effectua pendant la nuit pour les observateurs européens, comme cela est arrivé pour le passage du 8 décembre dernier.
Le second passage de Vénus qui ait été annoncé est celui de 1639 et il fut observé en Angleterre par Horrox et Crabtree.
Jérémie Horrox était un jeune curé du village de Hoole, près de Liverpool, dévoué aux travaux de l'astronomie. À l'aide des tables de Laensberg corrigées par lui d'après ses propres observations, il avait prédit le passage de 1639, et s'était préparé à l'observation en l'annonçant à son ami Crabtree de Manchester. Son mode d'observation était de recevoir l'image du soleil à travers la lunette sur une feuille de papier blanc. Un cercle de six pouces de diamètre, marqué sur le papier, indiquait les contours de cette image; un fil à plomb donnait la verticale et, en marquant les positions successives de la planète sur le disque solaire, il pouvait trouver plusieurs éléments de Vénus tels que son diamètre, l'inclinaison de son orbite, la position du nœud et le moment du passage. D'après ses calculs, celui-ci devait commencer dans l'après-midi du 24 novembre (vieux style). De crainte d'erreur, il observa, dès le 23, mais sans rien trouver; le dimanche 24, en revenant des offices, il vit la tache noire de Vénus sur la feuille de papier blanc. C'était la récompense de son travail. Ces observations ont été fort utiles au perfectionnement des tables de Vénus. Remarque curieuse, il craignait un ciel couvert, parce que Jupiter et Mercure se trouvaient en conjonction avec le soleil en même temps que Vénus et que Mercure, selon les astrologues, amenait sûrement le mauvais temps. Ne pourrait-on trouver ici quelque coï ncidence entre cette opinion et la remarque faite récemment que le nombre des taches solaires a du rapport avec les positions, de Vénus et de Jupiter, et que les cyclones en ont aussi, avec le nombre des taches solaires ?
Ce laborieux astronome fut enlevé à la science à l'âge de vingt-trois ans. Son ami Crabtree observa à Manchester, et chanta en un dithyrambe mythologique, l'union de la déesse Vénus avec le dieu du jour. L'importance astronomique du phénomène, dans son application à la recherche de la distance du soleil, était encore inconnue, car ce n'est que plus tard que Halley, reprenant une idée émise par Grégory, en 1663, montra que ces passages pouvaient servir à la solution du problème.
L'Académie des sciences comprit l'importance de cette méthode pour la détermination de l'unité fondamentale des distances célestes. L'un de ses membres les plus laborieux, de Lisle, publia au mois d'août 1760 une mappemonde sur laquelle des cercles qu'il avait tracés indiquaient l'heure à laquelle, en chaque lieu du globe, l'entrée et la sortie de Vénus sur le disque du soleil devaient avoir lieu. Cette mappemonde montra l'inutilité de la station que les Anglais avaient choisie dans l'Amérique septentrionale d'après les indications de Halley. Modifiant la méthode de l'astronome anglais, de Lisle indiquait comment, dans des lieux choisis convenablement et dont la longitude serait exactement connue, la seule observation d'un contact, soit à l'entrée, soit à la sortie, fournirait les éléments de la solution du problème : c'était utiliser toutes les observations possibles. Sa méthode a servi autant que la première dans l'étude du passage de l'année dernière. Cent soixante seize observateurs de toutes les nations, disséminés dans cent dix-sept stations, observèrent des phases du phénomène ou prirent des distances micrométriques.
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