« Acad. - Nouvelles de Pékin et de l'île Campbell | Passage de Vénus et mesure des distances inaccessibles » |
Acad. - Nouvelles de Pékin et île Saint-Paul
[La Nature, 1875 (1), p. 47]
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 14 décembre 1874. — Présidence de M. FRÉMY.
Le passade de Vénus. — M. Dumas donne lecture de la dépêche adressée par M. Janssen, à la date du 9 décembre, que tous les journaux ont reproduite, et que, par conséquent, nos lecteurs connaissent ; il en annonce une seconde, datée du lendemain, qui confirme la première, en ajoutant un fait important : Vénus, en effet, a été observée sur la couronne avant le contact, dans des conditions qui démontrent, sans autre preuve, l'existence réelle de l'atmosphère coronale du soleil.
Le commandant de l'expédition de Pékin, M. Fleuriais, a adressé deux lettres, le 10 et le 18 octobre, dans lesquelles il décrit l'installation de son observatoire. Il insiste surtout sur le parfait état de conservation des miroirs argentés par le procédé Foucault, et sur l'emploi desquels il fondait les plus grandes espérances.
De son côté, M. le commandant Mouchez, chef, comme on sait, de l'expédition de l'île Saint-Paul, a pu faire parvenir de ses nouvelles. Le bâtiment qui l'a transporté, et qui devait rester autour de l'ilôt, à la disposition des observateurs, s'est vu dans l'impossibilité de tenir la mer a cause du gros temps. Apres avoir cassé trois ancres en trois jours, et n'en possédant plus qu'une il dût renoncer a lutter plus longtemps. C'est alors qu'il emporta la lettre que M. Dumas lit aujourd'hui. Le débarquement des quatre cents caisses renfermant les vivres et le matériel de l'expédition, ne s'opéra pas sans d'extrêmes difficultés.On dut renoncer à gravir, comme on se l'était proposé, la crête du cratère, et se contenter d'un emplacement à mi-hauteur, offrant d'ailleurs une disposition acceptable. Le temps devenait bon, et cependant il ne faut pas se dissimuler que l'île Saint-Paul est de tous les postes d'observation celui qui présente les plus mauvaises chances. M. Mouchez le savait bien a son départ, et il était pleinement autorisé a changer sa destination s'il le jugeait opportun. Aussi, à Bourbon fut-il tenté d'arrêter là son voyage et de s'y préparer aux observations. Mais il préféra en définitive remplir le programme jusqu'au bout. Le même bâtiment qui l'a transporté, est reparti immédiatement pour le reprendre. II doit être, dès maintenant, arrivé à l'île Saint-Paul.
C'est encore à l'occasion du passage de Vénus, que M. Cornu expose le résultat de ses expériences instituées dans le but de déterminer la vitesse de la lumière. C'est le procédé de la roue dentée, qui a été adopté après avoir subi de notables perfectionnements. La lunette d'émission est installée sur la terrasse de l'Observatoire. La lumière fournie par une lampe de Drummond, ou par le soleil, établie à 23 kilomètres de distance, au sommet de la tour de Montlhéry, va se réfléchir sur un miroir et revient à son point de départ. Sur le trajet du faisceau lumineux, et à l'Observatoire même, est placée une roue dentée qui alternativement, quand elle tourne, l'arrête ou le laisse passer. Des appareils chronographiques, extrêmement précis, et construits par M. Bréguet, permettent d'évaluer au millième de seconde la vitesse imprimée à la roue. Le résultat a été que la lumière parcourt dans 1'air, 300,330 kilomètres par seconde, et dans le vide 300,400. Ceci posé, il en résulte, pour la valeur de la parallaxe solaire, le nombre 8"878.
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