Les derniers passages de Vénus (3) - Expédition de Le Gentil

Le 18 Mar 2012 par Jac Lou Réagir » Partage » Partagez cet article sur Facebook

[La Nature, 1874 (1), pp. 401-402]

(Suite et fin. — Voy. p. 257 et 374.)

LES OBSERVATIONS FAITES EN PLEINE MER PAR LE GENTIL

Les voyages de cet académicien ont duré depuis l'année 1760 jusqu'à l'année 1771. Ils commencèrent par conséquent avant le passage de Vénus en 1761 et se prolongèrent après le passage de 1769. Les expéditions de Le Gentil, dont le récit, publié en 1779 à l'Imprimerie royale, ne remplit pas moins de deux magnifiques volumes, laisseront une trace ineffaçable dans l'histoire des sciences en général et même de l'astronomie. C'est une preuve que l'homme d'esprit et de persévérance qui s'attache à la solution d'un grand et beau problème, peut trouver, malgré toutes les contrariétés, le moyen de s'immortaliser.

Guillaume Le Gentil de la Galaisière (1725-1792)

La postérité doit bien quelques dédommagements à ce laborieux astronome, car son acharnement à résoudre les questions scientifiques porta un véritable préjudice à ses affaires d'intérêt et même à ses alfaires de cœur.

Élève de de l'Isle, Le Gentil avait été destiné à la la profession ecclésiastique, par sa famille domiciliée à Coutances, où il était né le 12 seplembre 1725. Mais son attachement pour mademoiselle Potier, appartenant a une des plus riches familles du Cotentin, l'en avait éloigné. Un heureux mariage, contracté en 1769, après neuf ans d'absence, lui permit de lutter contre ses ennemis, qui avaient profilé de son éloignement pour disposer de sa place à l'Académie des sciences, et contre ses parents qui avaient essayé de s'emparer de son bien. Il fallut plaider pour leur faire lâcher prise. Peu s'en fallut même que sa mort, annoncée tant de fois, ne devînt une vérilé, car il fut pris d'une maladie dangereuse, à laquelle il eût succombé, sans les soins affectueux de sa femme.

Le duc de la Vrillière, ministre d'état, chargé de la distribution des lettres de cachet, était alors directeur de l'Académie. Le Gentil, ayant reçu de ses bureaux les ordres du roi, s'embarqua en 1760 pour l'île de France à bord du "Berryer", vaisseau de la compagnie des Indes qui portait cinquante canons et naviguait de conserve avec le "Comte-d'Arbois", de soixante-quatre. C'est le 10 juillet qu'il arriva à l'île de France, notre principal établissement dans les mers de l'Inde. Comme la guerre était très-violente dans ces parages, Le Gentil renonça au projet d'aller à Pondicliéry, où l'Académie des sciences l'avait envoyé. Il prit la résolution de se diriger vers l'île Rodrigue, où il ignorait que le chanoine Pingré, parti après lui de Paris, allait arriver, en exécution d'une mission qu'il avait reçue de l'Académie. Les deux astronomes se seraient donc rencontrés inopinément dans celte île, alors presque déserte, si Le Gentil n'avait trouvé à l'ile de France "la Sylphide", frégate envoyée au secours de Pondichéry. Le Gentil, plein d'ardeur, n'hésita point à s'embarquer à bord de ce bâtiment. Mais les vents furent contraires à l'expédition et "la Sylphide" erra depuis le 25 mars 1761 jusqu'au 24 mai, ballottée entre les calmes et les vents irréguliers de la mousson du nord-est. Le 24 mai, en abordant à Molie, sur la côte de Malabar, on apprit la triste nouvelle que Pondichéry avait été pris par les Anglais. Il fallut donc retourner à l'île de France où "la Sylphide" ne revint que le 25 juin, après avoir touché à Pointe-de-Galles, le 30 mai.

C'est entre ces deux stations que Le Gentil aperçut le passage de Vénus, dont il donna une description que nous résumons en enlevant tous les détails étrangers à l'observation.

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