Observation du transit de Vénus en 1874
Le 1 Mar 2012 par Jac Lou • Réagir » • ∞ Partage »Chronique du passage de Vénus en 1874
La Nature, le journal créé par Gaston Tissandier, arrive à point nommé pour s'intéresser à un évènement astronomique rare qui doit avoir lieu à la fin de l'année 1874 : le passage de la planète Vénus devant le disque solaire. Il est sans doute utile de rappeler que seules les planètes intérieures (situées entre le Soleil et la Terre), c'est à dire Mercure et Vénus, peuvent ainsi passer entre nous, terriens, et notre étoile le Soleil. Au passage, remarquons que c'est exactement à l'occasion du "passage" que la planète est la plus proche de la Terre. Par exemple, la distance entre Vénus et la Terre est alors environ 43 millions de kilomètres, soit moins du tiers de la distance entre la Terre et le Soleil. Cela explique que la planète, pourtant réduite à un croissant, soit aussi éblouissante dans le ciel du soir dans les deux mois qui précèdent un passage. Oublions Mercure, trop petite, pour laquelle un instrument d'observation puissant est nécessaire et intéressons nous aux passages de Vénus que chacun peut observer à condition d'être prudent et de ne pas regarder directement le Soleil. Un passage de Vénus devant le disque solaire ne survient que tous les 130 ans environ par paires séparées d'à peu près 8 années. Bien qu'il semble que des observateurs aient pu dans les temps lointains assister à l'oeil nu au phénomène, ce n'est qu'en 1639 que l'anglais Jeremiah Horrocks prédit par le calcul puis observe, à l'aide d'une lunette, le passage de Vénus. L'intérêt de l'observation pour les astronomes de 1874 et 1882 réside dans la possibilité de mieux approximer les distances à l'intérieur du système solaire. Pour les passages contemporains de 2004 et 2012, un des intérêts est dans les enseignements à tirer pour la découverte des planètes extra solaires qui passeraient devant leur étoile.
[La Nature, 1873, Chronique, p. 62]
Le prix de la première lunette employée au passage de Vénus. — Au moment où toutes les nations civilisées rivalisent de luxe et de générosité, au moins apparente, dans les préparatifs faits pour l'observation du passage de 1874, il n'est point hors de propos de rappeler que le premier passage aperçu par un habitant de la terre le fut avec un instrument dont les écoliers dédaigneraient de se servir. La lunette dont Horrox fit usage, le 14 novembre 1639, ne lui avait coûté qu'une demi-couronne, environ trois francs de notre monnaie. Horrox était un pauvre étudiant de l'université de Cambridge, qui exerçait les fonctions de répétiteur d'un jeune homme riche, et qui n'avait pu se procurer son modeste instrument que dans le courant de l'année précédente. Il mourut trois ans après la grande observation qu'il eut seul la gloire de faire. Il n'avait encore que vingt-deux ans.
[La Nature 1873, Chronique, p. 174]
Préparatifs en Russie pour le passage de Vénus — Les astronomes russes ont résolu d'établir vingt-quatre stations pour observer le passage de Vénus. On est fondé à espérer que le temps sera très favorable pour toutes les observations astronomiques dans les stations de Sibérie et de la côte du Pacifique, car il n'y a dans le mois de décembre qu'une moyenne de trois jours nuageux dans cette partie des possessions russes. Les froids excessifs du mois de novembre sont considérés comme un obstacle invincible pour ce genre de travail. Chaque station est munie de nombreux appareils, horloges, chronomètres, télescopes, etc. Les astronomes doivent faire des travaux préliminaires d'essai à l'observatoire impérial central de Pultowa. Les positions géographiques des stations qui auront ainsi obtenu de bons résultats seront ensuite déterminées par une commission géographique choisie dans la marine russe. Pour compléter cette partie du travail on construit un télégraphe a travers la Sibérie jusqu'à Nicolavesk. (Nature.)
À suivre ...