Musique : la forme sonate
Dans trois précédents billets, je vous ai présenté les chapitres sur l'orchestre symphonique, sur le poème symphonique et sur la forme suite de mon cahier de musique. Le présent chapitre concerne *La forme sonate*, évolution de la forme suite. C'est sans doute le chapitre le plus "technique" mais le plaisir sera double, ensuite, de *savoir* ce qu'on écoute. Ici encore, il est augmenté par des liens vers les auditions des oeuvres et vers la biographie des auteurs cités : les noms des auteurs mènent sur Wikipédia et les titres des oeuvres conduisent sur Youtube (*). Attention : si vous n'avez pas de compte Google, Youtube ajoute des publicités avant le début des morceaux. Cliquez dès que possible sur l'option "ignorer" en bas à droite de la pub
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Audition : Sonate de chambre, 6ème sonate en Sol mineur pour Violon seul et Basse continue (prélude, courante, allemande, sarabande, rondo) de François Francœur
1. Définition
C'est la forme type de la musique instrumentale en plusieurs mouvements, directement issue de la "suite".
Écrite à l'origine pour instruments à cordes et orgue (sonate d'église au 16e siècle), ou pour instruments à cordes et clavecin (sonate de chambre au 17e siècle), elle devient presque exclusivement une œuvre pour *clavier seul* (clavecin ou piano) ou pour un instrument quelconque *avec clavier*.
2. Caractères
- Ensemble composé en principe de trois morceaux (ou mouvements) chacun de coupe ternaire.
- La présence dans chaque mouvement de deux ou trois thèmes, différant comme caractère, comme structure et comme tonalité, crée un élément nouveau de vie et d'expression.
3. Plan d'ensemble
- Premier mouvement : vif (allegro), ton de la sonate
- Deuxième mouvement : lent (andante, moderato, adagio, largo), ton de la dominante (*), quelquefois de la sous-dominante (*).
- Troisième mouvement : vif (allegro, presto, rondo)
4. Plan et éléments constitutifs de chaque mouvement de la sonate classique
A. Premier mouvement :
rapide (allegro)
Audition : Sonate pour piano et violon no 26 en Si bémol Majeur K 378 de Wolfgang Amadeus Mozart (premier mouvement).
Introduction lente facultative
- Exposition des thèmes :
1. thème A : dans le ton initial, généralement "masculin" (robustesse, caractère rythmique)
2. Pont : passage plus ou moins développé qui, par une suite de modulations, amène à la tonalité du thème B
3. thème B : ton de la dominante (*) ou ton relatif majeur (*) si le thème A était mineur, généralement "féminin" (gracieux, caractère mélodique)
4. thème C (éventuellement) : ton du thème B
Cette exposition est généralement reprise deux fois intégralement. - Développement :
Travail de caractère savant et polyphonique à partir d'éléments des thèmes et pour lequel le compositeur peut moduler dans les tons voisins du ton initial. - Réexposition :
1. thème A : ton initial
2. thème B : ton initial
3. thème C : ton initial
Remarque: dans la réexposition, il est parfois intercalé un court développement - Coda :
Conclusion où réapparaît le plus souvent le thème A
B. Deuxième mouvement :
lent (andante par exemple) dans le ton de la dominante (*), de la sous-dominante (*) ou, si le premier mouvement était mineur, ton relatif majeur (*).
Deux possibilités s'offrent au compositeur classique
- Forme lied (*) ou forme A,B,A :
morceau de division ternaire où la partie centrale (B) est encadrée par deux parties semblables (A)
Audition : mouvement lent (marche funèbre) de la sonate en Si bémol mineur pour piano seul de Frédéric Chopin. (*) - Forme Thème et variations :
un thème unique suivi d'un certain nombre de variations (le thème reste toujours présent, mais sa "parure" est chaque fois différente).
Audition : mouvement lent de la sonate no 9 pour violon et piano dite "A Kreutzer" de Ludwig van Beethoven.
C. Troisième mouvement :
vif, dans le ton initial.
Deux possibilités :
1. forme semblable à celle du premier mouvement, mais sans introduction lente, les thèmes employés sont différents de ceux du premier mouvement.
2. forme rondo (vient du rondeau français, chanson de danse populaire médiévale caractérisée par le retour régulier d'un refrain donc de la forme : A, B, A, C, A, D, etc.)
D. Morceau intercalé :
5. Évolution
• sonate d'église (16e siècle) et de chambre (17e siècle)
• sonates pour clavecin de Bach et Scarlatti encore proches de la suite
• forme quasi définititve donnée par Carl Philipp Emanuel Bach
• Joseph Haydn : perfection formelle de la sonate classique
• Mozart : peu de modifications, il développe le pont et le rondo final
• Beethoven : apogée de la sonate
- valeur expressive et contrastante des thèmes qui deviennent véritablement des élements de drame
- développement du pont et de la coda
- il intervertit parfois l'ordre des mouvements (sonate "Clair de lune" - 1er mvt lent)
- affinité entre les idées (thèmes) des différents mouvements (sonate "Appasionata")
• Après Beethoven, elle tombe en désuétude (décadence) pendant l'époque romantique
• Essai de rénovation de la *forme sonate* dans l'école française contemporaine
par ex : Paul Dukas (♫), Francis Poulenc (♫)
Audition : final de la sonate en Si bémol Majeur de Ludwig van Beethoven - forme combinée de 1er mouvement et de rondo.
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L'original aux feuilles jaunies par le temps (6 pages)
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À suivre... "La symphonie"
1 commentaire
Merci, Jacques
Encore une leçon magistrale !
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