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Passage de Vénus - Résultats des expéditions françaises (2)
À Saïgon l'expédition, dirigée par M. Héraud, a été également favorisée par un beau temps sur lequel on n'osait guère compter, car les pluies avaient repris d'une façon inattendue dans les premiers jours de décembre, et le ciel se couvrit de nouveau dès le jour du passage. L'observation a été faite à l'Observatoire même de Saïgon, bâti en 1862 pour les besoins de l'hydrographie. Sa situation, alors excellente, laisse aujourd'hui à désirer, par suite du développement de la ville, mais tel qu'il est, il offre un avantage peu commun en Cochinchine, c'est une stabilité éprouvée. Il comprend deux pièces juxtaposées: à l'ouest une petite salle méridienne très-bien aérée ; à l'est une salle de chronomètres, recouverte par une voûte, formant terrasse, à 6 mètres au-dessus du sol et à 16 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. C'est sur cette terrasse que l'on a fait monter la lunette de 6 pouces qui devait servir à l'observation du passage.
Voici le résumé des observations :
Entrée. — Quelques minutes avant l'heure calculée du premier contact, la lunette est dirigée sur le soleil; les images des taches sont assez calmes, mais le bord un peu ondulant. En tenant compte de l'étendue du champ et de la direction est et ouest donnée par le mouvement de la lunette autour de l'axe horaire, M. Héraud place au milieu du champ la partie du limbe où doit se faire l'entrée.
Un léger trouble se manifeste sur le limbe, et une minute après l'heure calculée, à 20° 58', l'échancrure est très-visible; l'observateur la place et la maintient au milieu du champ. L'image est très-nette, noire, d'une teinte uniforme depuis le centre jusque très-près des bords, où une ligne de franges très-régulières donne à l'échancrure comme une apparence de creux; la séparation des franges et de l'image noire paraît peut-être plus nette que celle des franges et de l'image du soleil.
À 2 h. 17 m., la planète étant déjà entrée de plus des deux tiers, on remarque que la partie extérieure de son limbe est nettement indiquée par un filet lumineux pâle, qui, réuni aux franges de l'image intérieure, dessine un rond parfait. Ne s'attendant pas à ce phénomène l'observateur n'a pu noter l'instant précis de son apparition.
Sortie. — La planèle se rapprochant de plus en plus, l'observateur suit attentivement le filet lumineux. Il signale successivement l'apparition d'un filet lumineux très-faible, puis celle d'un filet lumineux presque nul. Le filet très-pale est teinté de noir comme dans la matinée et ressemble à ce qu'il était lors de son apparition à l'entrée; mais on ne revoit pas le ligament plus net signalé dans la première observation. Toute apparence lumineuse disparaît, c'est l'instant du contact; la partie noire de l'image de Vénus est à une distance appréciable du bord du soleil: peu d'instants après, cette distance paraît nulle, et l'échancrure noire semble tangente au bord du soleil; les cornes du croissant s'éloignent, mais sans prendre tout de suite l'acuité qui correspond à une intersection géométrique ; elles sont un peu émoussées et ce n'est que trente-trois secondes plus lard que l'échancrure paraît bien nette.
On ne voit plus à la sortie le limbe lumineux extérieur, la séparation des astres s'opère sans présenter de phénomènes particuliers, l'échancrure diminue graduellement, et autant que les ondulations du bord du soleil permettent de l'apprécier, on constate sa disparition totale.
M. Bonifay a fait, en même temps que M. Héraud, des observations analogues et a remarqué également l'atmosphère de Vénus. Nous voyons donc qu'en résumé l'observation a été bonne à Saïgon : les instants constatés pour les quatre contacts serviront, lors de la discussion générale, aux calculs de la parallaxe.
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