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Passage de Vénus - Résultats des expéditions françaises (2)
Le 9, jour du passage, à trois heures du matin, le vent saute du nord-est au nord-ouest, produisant subitement une grande amélioration de temps. La pluie cesse, le voile sombre qui couvrait le ciel se déchire, de grosses masses de nuages très-bas passent continuellement au zénith, laissant fréquemment voir le ciel. Le baromètre remonte. Au lever du soleil, chaque observateur court à ses instruments; les derniers préparatifs sont vivement terminés, et à six heures trente, une demi-heure avant le premier contact, chacun est à son poste entièrement prêt à remplir sa tâche bien définie et étudiée d'avance.
M. Mouchez est au grand équatorial de 8 pouces; M. Turquet était à l'équatorial de 6 pouces; M. Vélain s'était installé sur le sommet de l'île avec une petite lunette de 5 pouces, MM. Cazin et Rochefort étaient à la photographie.
Le premier contact fut à peu près complètement manqué, quand dans une éclaircie M. Mouchez aperçut une première très-petite échancrure sur le disque du soleil ; elle était déjà un peu trop avancée, pour permettre d'estimer exactement l'instant du contact.

sur le disque solaire (Station de l'île Saint-Paul).
À mesure que Vénus entrait sur le soleil, les nuages devenaient de plus en plus rares, le ciel plus transparent, les images d'une grande netteté. Un quart d'heure environ après le premier contact, quand la moitié de la planèle était encore hors du soleil, le chef de l'expédition aperçut subitement tout le disque entier de Vénus, dessiné par une pâle auréole, phénomène dû eu partie à l'atmosphère du soleil et en partie à l'atmosphère de Vénus elle-même, qui est analogue à la nôtre, mais plus dense.
La photographie a fonctionné pendant toute la durée du passage M. Cazin a obtenu 443 épreuves daguerriennes et 132 sur collodion, dont 489 sont excellentes et pourront servir aux mesures micrométriqnes.
A la sortie de Vénus, le troisième contact a été observé également dans d'excellentes conditions, le ciel très-pur entre les nuages avec les mêmes phénomènes qu'au deuxième, mais en sens inverse. Alors le ciel a commencé de nouveau à se couvrir. A onze heures trente minutes, le quatrième contact a été observé fort douteux ; des édaircies devenaient plus rares.
Enfin, à midi il a été encore possible d'observer le passage du soleil au méridien à travers les nuages, pour régler des chronomètres.
Mais quelques minutes après la pluie, la brume, le vent recommencèrent comme la nuit précédente ; le baromètre restant toujours très-bas ; la tempête n'était pas terminée ; elle avait été seulement suspendue pendant les 5 heures de la durée du passage ; elle dura encore trente-six heures; ce ne fut que le 11 que, le baromètre étant remonté à 765, le temps s'embellit définitivement et permit de faire quelques observations méridiennes pour régler les pendules et les chronomètres.
On peut dire que l'expédition de l'île Saint Paul, si heureusement favorisée par une éclaircie de quelques heures, a été la contre-partie de l'expédition si fameuse de Legentil, lors des derniers passages de 1761 et 1769; la première fois l'Océan, la seconde fois des nuages s'opposèrent à l'observation, et Legentil dut revenir, après dix années d'absence, dans sa patrie, qui le croyait mort, et au milieu des siens, qui s'étaient déjà partagé son héritage ! M. Mouchez a été plus heureux et la science doit s'en féliciter.
Les observations avaient pour singuliers témoins de leurs travaux des pingouins, ou pour mieux dire, des manchots, seuls habitants de l'ile. Sans crainte de l'espèce humaine, dont ils ont encore le bonheur de ne pas connaître les instincts belliqueux, ces oiseaux regardaient philosophiquement et d'un certain air mélancolique les astronomes occupés à l'observation du passage. Plus d'une fois même, leurs familiarités faillirent désarmer la patience des missionnaires de la science.
En l'honneur du passage les membres de la mission ont construit une haute pyramide en pierre, à côté de l'observatoire ; elle porte du côté du sud l'inscription : 9 décembre 1874,et du côté du nord: Passage de Venus sur le soleil. — Observatoire de la mission française. » Nous reproduisons ci-dessus l'une des épreuves envoyées de l'ile Saint-Paul.
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