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En avril :Vénus, les Pléiades et super-Lune

Le 5 Avr 2020 par Jac Lou Réagir (2) » Partage » Partagez cet article sur Facebook
En avril :Vénus, les Pléiades et super-Lune

  En ce début d'avril 2020, la planète Vénus, quasiment au maximum de sa splendeur, a rendu une courte visite aux Pléiades. Cliquer ci-dessus pour voir mieux les étoiles.

  Nous reparlons de Vénus; nous en avons déjà parlé dans d'autres billets (*). Vénus est une planète, mot qui désigne en grec un astre qui se balade parmi les étoiles. Et il se trouve que dans sa balade, cette année, au début du mois d'avril, Vénus a traversé l'amas des Pléiades. J'ai fait une photo de la rencontre, un peu tardivement (je ne m'en expliquerai que contraint et forcé), alors que la planète commençait à s'éloigner. Pour mieux se représenter les mouvements relatifs des astres, j'ai ajouté une animation (voir ci-dessous - pour une meilleure visibilité il est recommandé de passer en direct sur ma chaîne Youtube en cliquant sur [ ] en bas à droite de la fenêtre vidéo puis de forcer le mode HD - s'il n'est pas déjà activé - en cliquant sur la petite roue dentée des paramètres).

  L'animation dure environ 1mn 15s. Elle montre la position des astres de jour en jour à la même heure, 21h30, entre le 27 mars et le 15 avril 2020. Vous voyez d'abord la Lune qui semble jaillir de l'horizon ouest et monter vers le ciel puis disparaître le 1er avril. En fait son mouvement est bien d'aller se coucher à l'ouest (à droite), mais de jour en jour à la même heure, le coucher a lieu plus tard et elle prend apparemment de la hauteur. Il en va de même pour Vénus, l'étoile la plus brillante au milieu de l'écran, mais avec une vitesse relative bien plus petite que la Lune. On la voit s'approcher des Pléiades, les traverser le 3 avril, et poursuivre son ascension. Pendant ce temps les Pléiades semblent fuir vers le couchant à l'ouest. À partir du 4 avril on voit mieux sur le côté gauche le chasseur Orion et son baudrier de 3 étoiles qui les poursuit. Mais il est évidemment condamné à ne jamais les rattraper ! (mode plein écran recommandé pour voir les Pléiades)

  Précisons que nous parlons bien *des* Pléiades et non pas *de la* Pléiade qui est un groupe de sept poètes du XVIe siècle (*) dont le nom a été repris pour une collection d'ouvrages de référence en reliure de luxe. Dans la mythologie grecque (*), les Pléiades sont sept soeurs, filles d'Atlas et Pléioné, qu'Orion poursuivit et même pourchassa avec un entêtement digne d'un chasseur. À leur mort, elles furent portées au ciel et formèrent un amas d'étoiles nommé d'après leur nom, situé dans la constellation du Taureau (*). Cinq à sept des composantes de l'amas sont visibles facilement à l'oeil nu (jusqu'à dix ou onze dans de bonnes conditions, si on a une bonne vue). Sept des étoiles les plus brillantes du groupe ont été nommées avec les noms des sept filles : Astérope, Mérope, Électre, Maïa, Taygète, Sélène et Alcyone. Deux autres étoiles ont été nommées d'après les parents : Atlas et Pléioné. Ce groupe d'étoile est enregistré dans le catalogue de l'astronome Charles Messier (1730-1817) (*) avec le numéro 45 (M45). Bien sûr, le groupe de poètes tire son nom également de la mythologie grecque.

  Pour compléter le tableau, j'ai essayé tirer le portrait de la planète pour faire apparaître sa vraie figure. Vénus étant très brillante, j'ai d'abord fait une photo avec un temps de pose raccourci pour éviter l'éblouissement du capteur. Puis j'ai agrandi au maximum la portion d'image contenant la planète. Le résultat est présenté ci-dessous. Rrappelez-vous qu'il est obtenu avec un appareil photo de poche et très agrandi. Il montre que Vénus n'est que partiellement éclairée par le Soleil (environ de 45%). Oui, j'ai dit plus haut qu'elle était "au maximum de sa splendeur". Vous êtes en droit de vous demander comment il est possible que 45% soit un maximum. La réponse tient dans la mécanique céleste. Vénus est une planète intérieure, c'est à dire plus proche de Soleil que la Terre. Lorsqu'elle est éclairée à 100 %, elle se trouve derrière le Soleil et le plus loin de la Terre, donc invisible. Quand, dans sa révolution, elle revient vers la Terre, sa luminosité apparente augmente, mais en même temps sa partie éclairée nous apparaît comme un croissant de plus en plus petit qui finit par disparaître totalement quand la planète est au plus près, juste devant le Soleil.

 Oui, encore, Vénus a des phases, comme la Lune. C'est d'ailleurs le cas de toutes les planètes dont la partie éclairée, vue de la Terre, varie en fonction des positions relatives par rapport au Soleil. Mais les planètes extérieures, celles qui sont plus loin du Soleil que la Terre (Mars, Jupiter, etc), conservent toujours une partie éclairée majoritaire qui est d'autant plus grande que la planète est plus loin (85% pour la plus proche, Mars).

  Question qualité, je vous laisse juges, mais question quantité, la maison ne lésine pas ! Je vous en remets un bon kilo. Le même soir, la Lune, éclairée, elle, à plus de 75% (on approche de la pleine Lune et elle se trouve à 359703 km de nous), était aussi de la partie. Le lien avec Vénus s'arrête au fait qu'il y a des phases et au fait que la lumière diffusée par la Lune n'a pas facilité la prise de vue des Pléiades, mais pourquoi se priver d'une photo tout de même plus facile à faire ?

Il y a quelques formations intéressante à remarquer :
- proche du séparateur (limite jour/nuit), à gauche, à 8h: le cratère Aristarque, un point très brillant qu'on surnomme "le phare de la Lune",
- le grand cratère d'impact, au milieu de la partie gauche : Copernic et au-dessous de lui, à 7h30, Képler
- le grand cratère d'impact, vers le bas à droite, à 5h : Tycho et ses grandes projections
- le piton montagneux qui sort de l'ombre sur la frange en bas à 5h (sous Tycho) et un autre sur la gauche vers 6h30 (pour mieux les voir, cliquer pour agrandir l'image)

  Je pense que vous m'auriez reproché de ne pas vous montrer la "super-lune" du 8 avril dont les média nous ont rebattu les oreilles. Donc, pour les couche-tôt qui n'ont pas attendu que la dame de la nuit soit levée, je cède à votre amicale pression et voilà : tadaaa.

  Bon, vous vous attendiez à quoi ? Bien sûr qu'elle n'est ni rose ni bleue. Elle est au périgée (au plus près de la Terre, soit exactement 352990 km - à un cheval près). Elle est juste un peu plus grosse (14%) qu'une pleine Lune à l'apogée (quand elle est le plus loin de nous, environ 405400 km). Et, je vous le concède, l'image est décevante. Éclairée de face, la surface est "aplatie", sans ombre pour donner du relief. Vivement la décroissance (*) !

Matériel utilisé : comme d'habitude un simple appareil photo numérique compact - de poche - (mais à grand zoom et sur pied-photo) Panasonic Lumix DMC-TZ80. Photo d'entête : prise de vue le 5/04/2020 à 21h32; ISO-800; F/6.3; focale équ. 35mm = environ 500; exposition : 2s. Photo de Vénus seule : prise de vue le 5/04/2020 à 21h20; ISO-800; F/6.3; focale équ. 35mm = environ 530; exposition : 1/1000s; crop environ 320x240 px dans une image 4896x3672 px. Photo de la Lune le 5/04/2020 : prise de vue à 21h36, ISO 80; F/6.1; focale équ.35 mm : 600; exposition : 1/250s. Photo de la Lune le 8/04/2020 : prise de vue à 1h14, ISO 80; F/6.4; focale équ.35 mm : 720; exposition : 1/400s.