« Acad. - Nouvelles de Pékin et île Saint-Paul | L'occultation de Vénus par la Lune en 1874 » |
Passage de Vénus et mesure des distances inaccessibles
La lune étant le corps céleste le plus rapproché de nous, sa distance est la première qui a pu être exactement déterminée. On la connaît depuis deux mille ans avec une approximation remarquable, et il est vraiment impardonnable que tant de personnes l'ignorent encore à notre époque. Aristarque, de Samos, qui vivait au troisième siècle avant notre ère, l'avait évaluée à 35 ou 40 diamètres terrestres. L'astronome Hipparque, dans le premier siècle avant notre ère, l'estima à 32 diamètres. En réalité, elle est de 30. C'est au milieu du siècle dernier, en 1752, qu'elle fut établie définitivement par deux astronomes, observant en deux points très-éloignés l'un de l'autre, l'un à Berlin, l'autre au cap de Bonne-Espérance. Ces astronomes étaient deux français, Lalandc et Lacaille. L'un des cotés du triangle était formé par la ligne idéale qui, traversant l'intérieur de la terre, joindrait Berlin au cap de Bonne-Espérance. Les deux autres côtés étaient formés par les lignes qui iraient, l'une de Berlin au centre de la lune, l'autre du cap au même centre. L'observation simultanée faite aux deux stations donna d'abord les angles LAZ, LBZ', formés par la lune avec le zénith Z, ensuite les angles LAT, LBT (fig. 4) ; puis la longueur des côtés et, en dernière analyse, la distance T L du centre de la lune au centre de la terre. On connaît ainsi, rigoureusement, que la dislance moyenne de notre satellite est de 96,109 lieues et de 4 kilomètres. Et cette distance est aussi exactement connue que celle de Paris à Marseille.

Si l'on voulait se servir du même mode d'observation pour déterminer la distance du soleil, on n'y parviendrait pas. Cette distance est trop grande. Le diamètre entier de la terre ne lui est pas comparable et ne formerait pas la base d'un triangle. Supposons que l'on mène de deux extrémités diamétralement opposées du globe terrestre deux lignes allant jusqu'au centre du soleil, ces deux lignes se toucberaient tout le long de leur parcours, le diamètre de la terre n'étant qu'un point relativement à leur immense longueur. Il n'y aurait donc pas de triangle, partant point de mesure possible. D'ici à l'astre du jour, il y a près de douze mille fois le diamètre de la terre! C'est comme si l'on prétendait construire un triangle en prenant pour un côlé une ligne de 1 millimètre de longueur seulement, de chaque extrémité de laquelle on mènerait deux lignes droites jusqu'à un point placé a 12 mètres de distance. On voit que ces deux lignes seraient presque parallèles, et que les deux angles qu'elles formeraient à la base du triangle seraient vraiment deux angles droits.
Il a donc fallu tourner la difficulté, et c'est ce qu'à fait l'astronome Halley au siècle dernier, en proposant d'employer pour cette mesure les passages de Vénus sur le disque solaire. Celle méthode consiste à constater que, pour deux observateurs assez éloignés l'un de l'autre sur la terre, Vénus n'occupe pas au même moment le même point sur le soleil, et à mesurer la distance de points notés par chaque observateur.
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