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Les voyages de Judita et Adam
Lors de son précédent voyage en Amérique, au printemps 1906, Judita n'avait fait qu'aider Adam à déménager et à s'installer, avant de revenir à Lubina, plus vite que prévu, dès avant la fin de l'année. La raison de ce retour anticipé au pays était impérieuse. Sa dernière fille, la petite Juditha, nommée comme son arrière grand-mère Valencsik, était au plus mal. Ce troisième enfant, était née en 1905, six mois après le départ d'Adam pour l'Amérique. Elle n'avait guère plus d'un an quand Adam avait eu besoin de la présence de sa femme à son côté. Judita l'avait laissée à contre-coeur, avec son frère et sa soeur, aux bons soins de la famille. Katarina, la mère d'Adam ainsi que sa propre mère, Anna, lui avaient fait admettre qu'elles s'occuperaient très bien d'eux. De plus, la petite dernière, encore presque un bébé, était vraiment trop fragile pour lui imposer un voyage dans les conditions terribles qu'Adam avait décrites dans ses lettres. Mais voilà, ce que Judita redoutait par dessus tout était arrivé. À la fin de l'été, un courrier de la famille restée au pays lui avait arraché des cris et des larmes.
Elle n'avait pas pu lire le message jusqu'au bout et c'était Adam qui en avait terminé la lecture. La lettre informait les parents de la dégradation inquiétante de la santé de leur petite dernière. Avant que Judita ait eu le temps de rentrer au pays, dans l'urgence, mais avec les délais imposés par la distance, l'enfant avait déjà succombé. Bien sûr, Judita se l'était amèrement reproché et, sept ans plus tard, c'était encore douloureux d'y penser.
Judita et Adam sont ensemble à Youngstown. Ils sont de nouveau réunis, mais lorsque Judita a rejoint son mari il y a quelques mois, en mai 1912, elle a laissé au pays leurs deux enfants, maintenant déjà grands. Youngstown est une ville industrielle du comté de Mahoning située à la limite Est de l'état de l'Ohio, à quelques kilomètres de la Pennsylvanie. Le comté tient son nom de la rivière Mahoning qui le baigne avant de rejoindre la rivière Beaver, qui se jette dans la rivière Ohio, elle-même affluent du Mississipi, à plus de mille kilomètre à l'Ouest. L'eau qui coule ici termine son voyage dans les bayous de la Louisiane puis dans le golfe du Mexique ! ♒
La ville s'est développée autour de l'industrie du fer grâce à la proximité des sources de minerai et de charbon dans la vallée du Mahoning. On a longtemps appelé la région "la Vallée de l'Acier" ou même, pour certains, la "Ruhr américaine".
L'air y sent le feu, le fer en fusion et la poussière de charbon, une odeur particulière portée par la vapeur produite par l'eau utilisée pour refroidir les coulées. Judita n'apprécie pas cette atmosphère. Elle prétend qu'elle lui donne l'impression d'être en permanence dans un train, juste derrière la locomotive. Mais c'est sans doute la rançon à payer pour que des emplois soient disponibles. Heureusement, leur lieu de vie est un peu à l'écart des sources de pollution.
Pendant les années vécues à Youngstown sans sa femme, Adam avait réussi, avec l'aide de la communauté slave, à disposer d'une parcelle de terrain sur le plateau proche de la rivière Mahoning, mais à l'opposé des usines, donc un peu à distance des fumées quand le vent le voulait bien. Il avait modifié et agrandi la baraque qui s'y trouvait à l'origine pour en faire une maison à peu près convenable.
À la suite de son retour près de son mari, Judita s'est approprié rapidement son nouvel environnement. Moins d'un an s'est écoulé et son jardin va déjà commencer à lui rendre ce qu'elle lui a donné.
Mise à part la forte composante émotionnelle de la période des retrouvailles avec son mari, les premiers six mois à Youngstown en 1912 se passèrent sans faits marquants. Il en alla cependant différemment pour l'année 1913. D'abord le mois de mars se révéla être un des plus humides que Judita ait connu jusqu'alors. Le dimanche de Pâques 23 mars, il commença à pleuvoir. La pluie tomba dru jusqu'au lundi soir, ruisselant et s'insinuant partout. On ne voyait plus les alentours, disparus derrière un voile d'eau. Puis elle se ralentit un peu mais ne cessa pas avant le mercredi soir. Cela dura au total quatre jours et quatre nuits. Judita se lamenta.
"Mes patates vont être noyées; elle vont pourrir !
- tu les a plantées trop tôt de toute façon. Les voisins ont dû bien rigoler. Tu recommenceras quand il ne gèlera plus le matin. En même temps tu pourras semer les graines de pavot. Et tu attendras qu'il fasse plus chaud pour les concombres".
La réponse d'Adam n'était pas au goût de Judita. Elle lui tourna le dos.
À partir du mardi, la rivière et ses affluents étaient en crue. Plusieurs ponts avaient été emportés. Les usines, toutes situées au bord des cours d'eau, étaient inondées par au moins 20 cm d'eau, et forcément à l'arrêt. Il n'était plus possible d'aller travailler. C'était la crue la plus importante qu'on ait jamais vue dans la région. La crue du siècle !
"Nous avons de la chance que notre communauté se soit établie sur les hauteurs au-dessus de la rivière, remarqua Judita. À part quelques infiltrations, nos maisons n'ont pas trop souffert.".
Adam hocha la tête pour acquiescer, mais avec un air navré. "C'est vrai. Mais je pense à tous ces pauvres gens qui habitent en bas de l'avenue Mahoning, vers le centre ville. Quel malheur ! Juraj m'a dit qu'il était descendu dans l'avenue jusqu'à la limite de l'eau et qu'il a vu la police et les pompiers qui venaient au secours des habitants avec des bateaux. Le courant était si fort que plusieurs fois ils ont failli être emportés".
Le redémarrage de l'activité prit du temps et la vie à Youngstown devint plus difficile. Beaucoup d'emplois furent réduits à des temps partiels. Les autorités locales essayèrent de limiter la misère grandissante en proposant des emplois courts et limités dans des travaux d'entretien des espaces publics de la ville.
En ce milieu de mai 1913, comme presque chaque matin, Judita se rendait à l'église. C'était un petit batiment que la communauté des immigrés slaves vivant à Youngstown avait décidé de construire dès 1908 et qui avait été achevé en 1911, l'année qui précédait l'arrivée de Judita. L'église avait été dédiée à Jan Hus, le fondateur de l'Église réformée de Bohème, précurseur du protestantisme. Elle se situait sur les hauteurs proches de la rivière, à l'angle de l'avenue Whitney et de l'avenue Mahoning, la grande rue qui traversait tout l'Ouest de la ville. La maison de Judita et Adam n'était qu'à seulement quelques pas de là, dans une petite rue parallèle à Mahoning, longue seulement de quatre blocs, l'avenue Hillsdale, et non rue Hill comme Judita l'avait déclaré aux autorités d'immigration à son arrivée en 1912.
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Judita aimait venir dans cette église qui sentait bon le bois et la cire d'abeille; une odeur de propreté. Y retrouver de bon matin les autres femmes immigrées installées dans le quartier, était surtout un rituel social qui marquait le début de la journée de travail. Cette réunion quasi quotidienne était une aide précieuse pour supporter l'absence des familles laissées en Europe. On y échangeait les nouvelles reçues du pays ou celles concernant la communauté. Six ans plus tôt, l'église n'existait pas et le premier contact de Judita avec le quartier, alors plein de friches, avait eu quelque chose de désespérant.
Aujourd'hui, Judita avait décidé de parler de choses intimes avec quelques femmes dont elle se sentait proche. Plus d'une lunaison s'était écoulée depuis ses dernières règles. Elle était persuadée d'être de nouveau enceinte. Cet état n'était pas étonnant si on considérait la passion avec laquelle Adam l'avait régulièrement étreinte. Mais ça, elle n'en parlerait pas aux voisines. Les dites voisines devaient d'ailleurs la considérer d'un regard soupçonneux. Voilà un an que Judita les avait rejointes. Une interrogation devait les tarauder. L'acte charnel ne pouvant que conduire à la conception d'un enfant, Judita se refusait-elle à son mari ? Elle n'essaierait pas de leur expliquer comment elle avait pu retarder l'inéluctable conséquence des rapports entre mari et femme de presque une année ! Non, elle allait juste leur faire part de sa probable grossesse. Elle allait avoir besoin des matronnes le moment venu. Mais ce n'était pas pour tout de suite.
Lorsque l'automne arriva, le ventre de Judita était déjà bien rond. Elle se protégeait du mieux possible du froid qui commençait à se faire sentir. Le mois de novembre dans la région est habituellement le mois des tempêtes. D'après ce que racontent ceux qui vivent à Youngstown depuis longtemps, les tempêtes viennent soit du Canada, au Nord, en traversant les Grands Lacs, soit elles viennent du Sud, en longeant les montagnes Apalaches. Mais il arrive fréquemment que les deux se combinent et forment ce que les habitants appellent la "Sorcière de novembre".
Ce fut le cas justement cette année là qui restera l'année du "Grand blizzard". Un coup de vent avec des rafales qui pliaient les arbres se produisit le dimanche 9 novembre. Adam tenta une sortie pour mieux assurer les volets de bois. Il rentra en disant "ça pique !". Une pluie verglaçante mêlée de grésil avait commencé à tomber. Toute la nuit, le vent tapa dans les portes et les fenêtres. La pluie fut suivie de chutes de neige abondantes qui persistèrent toute la journée du lundi. La tempête se calma enfin le mardi. Quand Adam voulut sortir de la maison, il lui fut difficile d'ouvrir la porte contre laquelle la neige s'était accumulée. Un mur blanc qui lui arrivait à mi-cuisses lui barrait le chemin. Les voisins se retrouvèrent, pelle en main, pour dégager des passages entre les maisons.
Les routes étaient barrées par des murs de neige et il faudrait des jours pour tout déblayer. Le dégel commença le jeudi et ce n'est que le vendredi qu'on put circuler de nouveau à peu près normalement. Pendant plusieurs jours Judita ne se rendit pas au temple. Elle craignait de glisser et, en tombant, de mettre en danger le bébé qu'elle portait. C'est Adam qui lui rapportait les nouvelles qu'il avait entendues, toutes plus catastrophiques les unes que les autres.
"Le plus fort de la tempête a été sur le lac Érié et sur les villes sur la côte. Des vagues énormes ont fait couler des bateaux et des dizaines de marins, ou même plus (*), se sont noyés. Beaucoup de fils électriques sont tombés et des incendies se sont déclarés... C'est une vraie catastrophe.".
Adam restait d'humeur sombre depuis la tempête. Un soir, il déclara :
"Après les inondations du printemps dernier, j'ai bien peur que cette tempête et les dégâts qu'elle a causés nous rendent la vie encore plus difficile. Il y a déjà suffisamment de gens qui n'ont plus que des petits boulots. Quand ils en ont. Et en plus, il y a ces gens de couleur noire qui arrivent du Sud, paraît-il, et qui acceptent des salaires encore plus bas que les nôtres ! Ça me fait penser que je n'ai encore pas envoyé d'argent au pays ce mois-ci."
Le temps avait passé bien vite. On était déjà au début de janvier 1914. C'était finalement pour maintenant, ou en tout cas pour dans pas longtemps. Judita avait senti les premières petites contractions. Elle n'en était plus à sa première grossesse et les événements pouvaient se précipiter, elle le savait. Aussi elle attisa un peu le feu, vérifia qu'il y avait bien assez d'eau chaude dans le chaudron, prépara un linge propre, puis elle se couvrit chaudement, car, ce jeudi matin, il faisait un froid de loup, et elle se hâta jusqu'à chez Zuzanna Žabka pour demander son assistance. Zuzanna était un peu plus jeune que Judita. Les deux femmes s'étaient mises d'accord depuis longtemps. Sussie et son mari Pavel était des gens adorables. Judita et Adam leur avaient demandé de bien vouloir être parrain et marraine de leur enfant à naître. Ils s'étaient déclarés flattés et heureux de cette proposition. Sussie et Judi revinrent ensemble chez les Miškar.
Comme attendu le travail ne dura pas trop longtemps. "C'est une fille" lui annonça Sussie. Elle tenait le bébé par les pieds, la tête en bas. Il commença à crier. Sussie le posa sur un linge pour l'essuyer en lui parlant doucement, puis elle l'emmaillotta et vérifia que le lange n'était pas trop serré avant de tendre sa fille à Judita. Une fois emmaillotté, le nouveau-né avait cessé de vagir.
- "Pavel, mon homme, va être un peu déçu de ne pas avoir la fierté de nommer un garçon. Il avait déjà préparé une bouteille de slivovica pour l'enterrer jusqu'à la fête du futur mariage du garçon... Mais c'est vrai que vous avez déjà un petit Pavol, Adam et toi. Vous êtes toujours d'accord pour que celle-ci soit une petite Alžbeta ?".
Judita répondit oui de la tête en souriant et serra le bébé contre son sein. Puis elle ajouta :
- "Merci Sussie. Ce prénom va très bien à une petite américaine. Pour la bouteille, je suis certaine qu'Adam sera ravi de la boire avec Pavel. D'ailleurs je ne refuserai pas une rasade si on me la propose !".
Elle sentit bientôt que les contractions reprenaient. La délivrance ne posa aucun problème. Le pasteur Juraj Roh baptisa Alžbeta le dimanche suivant, onze janvier, en présence de Sussie, Pavel, et toute la petite colonie slave.
Judita était heureuse d'avoir une fille. Adam, lui, s'était efforcé de ne pas faire paraître de déception. La petite Alžbeta profitait bien; sa mère avait assez de lait malgré les temps difficiles. Le printemps arriva à point pour permettre au jardin de faire son office de source de nourriture fraîche et saine. Judita y passait beaucoup de temps, laissant sa fille, bien langée, en sécurité dans le berceau qu'Adam avait fabriqué. Pour ce qui est du travail à l'extérieur, les choses étaient de plus en plus compliquées après les deux catastrophes climatiques de l'année passée. L'arrivée de plusieurs dizaines de milliers de nouveaux habitants par an ne faisait qu'ajouter aux difficultés.
- "On ne peut pas reprocher aux autres de faire ce que nous avons fait." répétait Adam.
Et il ajoutait amèrement :
- "Mais le résultat est là. Tout ce monde n'a droit qu'à une part de travail plus petite".
Le travail à temps partiel était devenu la règle.
La fin de l'année 1913, fut une période de questionnements pour Judita et Adam. Ils commençaient à ressentir fortement le rejet dont leur communauté était l'objet. Aux yeux des américains "de souche plus ancienne" ils étaient ceux qui venaient prendre leur travail. À quoi s'ajoutaient les tensions raciales résultant de la migration intérieure des noirs du Sud venus chercher dans le Nord industriel du travail en concurrence avec les immigrés "de l'extérieur". Cela rendait l'atmosphère parfois oppressante quand il fallait se rendre en ville, dans certains quartiers. La solidarité à l'intérieur de la communauté slovaque les protégeait bien un peu, mais cela représentait de moins en moins une parade efficace contre l'anxiété.
- "Adam ? Tu sais que les Galkovic sont rentrés au pays ? Lui était arrivé il y a dix ans et elle deux ans plus tard. Toi, cela fait bientôt dix années que tu es ici, et moi plus de deux. Après tout ce qui s'est passé ces derniers temps, maintenant ce pays me fait peur ! Tu avais promis que ce n'était pas pour toujours. Tu ne penses pas qu'il serait temps de rentrer aussi chez nous ? Et puis surtout, j'aimerais tant revoir nos enfants."
- "Zlatko (*), j'ai bien peur que tes enfants ne te connaissent plus ! J'aimerais qu'on se donne encore un peu de temps. Mais tu as raison. Commençons à y réfléchir."
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19 commentaires
Hâte de lire la suite de cette comédie romantique: c’est mon côté midinette ! mais belle découverte des mœurs et du Folklore de la région et de l’époque.
Merci, Jacques, pour cette biographie vivante, qui m’a rendu presque présent auprès de ces personnes qui me sont inconnues. Tu as de très bons souvenirs d’enfance: cette exploration d’armoire a dû te marquer. Dommage pour la destruction de cette jolie robe de mariée!
Je me rappelle aussi que tu m’as dit, il y a quelques années, les difficultés de faire ta généalogie maternelle. Question: est-ce que depuis les actes ont pu être mis en ligne?
Merci, enfin je vais connaître un peu l’histoire de Maman. Déjà j’ai appris l’histoire de la robe de mariée
Je me souviens de cette armoire située dans la petite chambre toute en longueur côté droit de la maison en bois.
Une armoire immense dans mon souvenir, en bois verni de couleur sombre mais pas d’y avoir fouiné. Elle était toujours fermée.
C’est une véritable épopée que tu nous contes là !
Jacques Laschet disait : “tu m’as dit […] les difficultés de faire ta généalogie maternelle. Question: est-ce que depuis les actes ont pu être mis en ligne?”
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Ma réponse : Les pages que je publie sont justement des éléments de ma généalogie maternelle. Les registres des églises de Slovaquie ont été numérisés et mis en ligne par les Mormons. Comme tu peux voir, j’ai trouvé les actes de mes grands-parents Judita et Adam, ainsi que des traces écrites de leurs déplacements (voir dans la suite). Pour les générations plus anciennes, cela se complique à cause du manque de précision des infos des registres : diminutifs au lieu des prénoms, changement de la graphie quand le scripteur change, passage du slovaque au hongrois puis au latin… Mais globalement, je suis certain de l’origine paysanne pauvre de ma famille du côté maternel. C’est tout à fait “raccord” avec l’origine paysanne pauvre de ma famille bas-normande du côté paternel.
Merci, Jacques, pour ta réponse. Pour mes propres recherches généalogiques au niveau des registres paroissiaux je rencontre, comme toi, de nombreux obstacles: manque de détail sur l’identité et les origines des parents, homonymie, langues, graphies etc. Le registre de l’état civil a été mis en place dans ma région natale vers 1796, faisant suite au rattachement en 1794 à la République Française, ce qui a bien réduit la plupart des difficultés, même si au début il demeure encore des imprécisions, comme l’âge estimé sur acte, voire parfois des erreurs d’identité, qui iront en diminuant dans la seconde moitié du 19ème.
De mon point de vue, non plus, aucune branche ne mérite d’être négligée, qu’elle soit maternelle ou paysanne pauvre. Ces petites gens qui nous ont précédé gagnent tous à être connus autant que possible, puisqu’ils sont les racines de ce que nous sommes… Et donc je constate que tu fais un travail très approfondi dans ce cadre, un exemple à imiter!
Si je comprends bien le système ressemble à de l’esclavage consenti !
À propos des voyages en train…
La gare d’Anvers-Central est une merveille architecturale, que j’ai visitée plusieurs fois. Mais ces voyageurs de la 3ème classe passés au vinaigre et au benzène, vraiment ?!
Moi qui n’ai jamais posé les pieds sur le continent américain, je suis admirative de ces migrants qui ont eu l’audace et l’énergie nécessaires pour traverser toutes ces épreuves à l’époque (d’autres migrants ont le même courage aujourd’hui avec souvent des drames à la clé).
Bonjour.
Jean-Claude a écrit “… le système ressemble à de l’esclavage consenti". Ma réponse : Je ne vois pas bien à quel système tu penses ? S’il s’agit du “système” qui consiste à faire venir des migrants pour travailler, alors j’entrevois deux réponses possibles : 1/ nos pauvres paysans consentent à émigrer contre la garantie d’un salaire décent et on peut considérer que le travail les libère. 2/ comme tous les ouvriers, ces migrants ne choisissent pas vraiment leur travail, mais par nécessité ils louent leurs bras à un employeur qui fixe les règle. En ce sens, le travail les asservit.
Jacques Laschet a écrit : “… ces voyageurs de la 3ème classe passés au vinaigre et au benzène, vraiment ?!". Ma réponse : Si tu t’inquiètes pour la réputation de ton pays, je te rassure, comme je le précise ces traitements sont délivrés sous la responsabilité des compagnies maritimes à la demande des autorités américaines. Le gouvernement belge a refusé de s’en mêler. Plus généralement, tout ce que je rapporte provient de sources que je considère fiables. En l’occurrence, ta remarque m’a conduit à corriger le terme “benzène” en *benzine* (ce n’est pas la même chose). Il est possible que l’auteur initial (anglophone) n’ait eu qu’une connaissance sommaire de la chimie (ou de l’orthographe) ? Quant au vinaigre, je ne vois rien de choquant. Quand j’étais enfant (écolier), ma mère me rinçait la tête au vinaigre.
Merci, Jacques pour ces précisions. Loin de moi de mettre en cause tes sources. Mais, comme toi, je pense qu’il y a une mauvaise traduction. En allemand Benzin=essence, et en néerlandais, benzin=benzine et benzine=essence. Dans tous les cas il s’agit d’un mélange d’hydrocarbures de type alcane, et pas du tout l’hydrocarbure aromatique (au sens chimique) benzène qui est beaucoup plus toxique et très cancérogène. De nos jours l’huile de paraffine est encore utilisée, avec d’autres produits, comme anti-pou. En revanche, je n’ai rien à redire sur l’usage du vinaigre en friction.
Hello frère, merci pour le souvenir de ce voyage épique [en page 6, note de l’admin], mais tu as oublié de parler des nombreuses crevaisons subies durant le trajet où notre oncle y est allé de la rustine et de la pompe pour réparer ces ennuis. Car à cette époque pas de station service à l’horizon.
Coucou, et bien cette fois ci les larmes me sont venues en entendant la chanson tece voda tece. Je revois maman me la chanter.
Merci impatient de lire la suite. Un voile d’ombre se leve enfin sur l histoire américaine de la famille.
Je partagerai avec les petits.
Bise
Toujours aussi passionnant et très documenté; merci.
Merci pour ce nouveau chapitre. Juste un commentaire il est difficile de parler d’identité nationale slovaque dans le contexte pré WWI - le concept d’empire était très mouvant et je ne suis pas sûr que mes arrières grand-parents ayent fait la distinction entre ce qui est aujourd’hui la Slovaquie, l’Ukraine de l’ouest ou même la Hongrie. Il en est de même pour le terme slave qui englobe les russes et les slaves du sud (serbes croates etc)… À voir la dénomination exacte que tu as retrouvée dans les courriers originaux.
Merci Gregory pour ta lecture critique. Je ne pensais pas avoir parlé d’identité *nationale* slovaque. J’ai relu rapidement les pages publiées et je n’ai pas trouvé d’endroit où j’ai pu “déraper” ? J’ai prévu de tenter de justifier ce que j’ai raconté jusqu’ici, dans la dernière page (à paraître), mais tes remarques me font un peu anticiper. Je n’ai pour source familiale rien d’autre qu’un livre de messe que j’ai présenté ailleurs dans la partie “Généalogie” de ce site. Ses pages de garde n’apportent que des dates de naissance manuscrites et quelques enluminures. Dans les pages 4, 5 et 7 de la présente publication je montre des extraits des registres d’immigration aux USA qui stipulent que nos aïeuls Judita et Adam sont de nationalité hongroise et de “race” ou ethnie slovaque. Je me suis appuyé sur ces faits pour leur “inventer” un état d’esprit. Pour ma part, je ne doute pas que mes grands parents aient été conscients de leur place dans l’Europe de 1900. Mais je n’ai évidemment et malheureusement aucune preuve à te produire.
Voyage
Très intéressant la vie de tes ancêtres…….on se laisse emporter dans un tourbillon et on voyage avec eux.
Merci……
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